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djellaba pour assister aux séances de l’après-midi qui leur sont réservées. Face à ces actes de transgression, les maîtres ont sévèrement réagi et les “répudiations plurent sur les héroïques cinéphiles” (15). Celles-ci affichaient leur fierté d’avoir risqué leur foyer pour obtenir une place à ces projections cinématographiques qui leur permettaient de quitter leur univers clos. Les douze nouvelles mettent en scène des déplacements entre le Maroc et la France, ou, plus précisément entre Tanger et Paris, deux ancrages de l’écrivaine. Des lieux choisis comme toile de fond à l’évocation de l’amitié, de la tendresse, de l’amour, du désir charnel, des plaisirs de la table, de la conversation, de la recherche du bonheur et de la plénitude de l’être. Le recueil présente aussi tout un éventail de souvenirs lointains traversés de nostalgie et d’attachement indélébile à la ville natale. Dans “Montmartre”, trente après leur départ, les Tangérois venant de partout se réunissent chez Roland, fidèles à leurs rires, à leurs plaisanteries, à la chaleur qui les unit. Par contre, dans “Larbi”, il y a une rencontre inachevée entre l’écrivaine et deux amis qui s’aiment et se réunissent “tous les trois pour oublier” (73); mais ils ne réussissent qu’à se disputer, s’éloigner et se séparer avec la promesse de s’écrire. Ce recueil, marqué par une conscience aiguë de l’évolution des mentalités, donne à réfléchir sur la dualité tradition-modernité. L’enjeu de cette réflexion se situe dans des lieux de confrontations entre le respect des anciennes coutumes et l’émancipation vers un mode de vie nouveau. L’ambition de l’écrivaine est d’aboutir à une synthèse nuancée où peuvent coexister le passé et le futur. La nouvelliste apparaît particulièrement émouvante en présentant des êtres vrais, pétris de douleurs et de déchirements. Dans “Palestine”, à travers la réflexion de Tante Aînée, elle secoue les plis de la mémoire pour aborder une situation marquante dans l’histoire de son pays. En effet, celle-ci, animée d’une ferveur nationaliste arabe, est préoccupée par ce qui se passe dans ce coin du MoyenOrient où un brasier de haine est allumé entre les enfants d’Abraham, mais en même temps elle ne peut se résoudre à croire que sa chère amie Sol Cohen a quitté sa ville natale pour aller en Israël. Tout au long de cette nouvelle, la réalité tragique du départ des juifs de leur propre pays où, pendant des siècles, ils avaient vécu avec les musulmans, continue à hanter les consciences. L’originalité de l’auteure, c’est qu’elle écrit dans un présent toujours lié à un temps passé, dont la mémoire se nourrit de pensées et d’émotions errantes. Elle invente sa propre démarche de survie, d’élévation, de résonance qui favorise son épanouissement et son ouverture sur d’autres mondes merveilleux et poétiques. Par cet écrit joliment assumé qui rend à la création littéraire son élan et sa chaleur humaine, elle confirme son talent et son statut de figure de proue de l’écriture féminine au Maroc. California State University, Long Beach Najib Redouane HÉBERT, MARIE-FRANCINE. L’Ame du fusil. Montréal: Québec Amérique, 2009. ISBN 978-2-7644-0692-2. Pp. 237. $22.95 Can. Ecrivaine québécoise connue pour une quarantaine d’œuvres à l’intention des jeunes, Marie-Francine Hébert publie son premier roman destiné aux lecteurs adultes à la sensibilité hardie, un roman qui illumine les recoins les plus odieux du cœur humain, où se tapissent lâchetés, malhonnêteté, promesses bafouées, 854 FRENCH REVIEW 84.4 égoïsme, crimes contre l’amitié et couardise insigne. C’est un roman qui conjugue passages poétiques, descriptions enivrantes, trouvailles de langue enchanteresses avec des scènes minutieusement décrites de meurtre, de viol, de carnage. C’est également un roman...

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