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sept jours de la disparition contribuent au sentiment de chute: les jours sont indiqués de plus en plus bas sur la page de chaque chapitre. Il existe dans ce roman un intéressant effet de vases communicants: paradoxalement, et c’est peut-être là l’aspect le plus prenant du livre, au fur et à mesure qu’Aurélien disparaît, on remarque que ses souvenirs d’enfance remontent à la surface avec une clarté qui étonne quand même beaucoup, comme s’il s’attachait à une époque de sa vie où il comptait encore pour quelqu’un: “plus lui-même s’estompe et échappe aux sens des autres, plus sa propre sensibilité s’aiguise” (173). De même, Aurélien éprouve un profond sentiment d’empathie pour les laissés pour compte de la société, ceux qu’on oublie un peu trop facilement, comme lui. Par exemple, quand il rencontre un clochard puant dans le métro, il s’empresse de s’asseoir à côté de cette épave humaine parce que, de parfum en effluves, par pur contraste, il sera peut-être finalement vu, remarqué. On ressent avec, et pour, le protagoniste cette horreur de s’entendre dire par ses proches: “Tiens tu es là, toi?” (92). Le sentiment d’être oublié et, pire encore, invisible, intensifie pour le personnage, tel un homme pris “entre vie et absence” (149), l’injustice de ce que l’on pourrait appeler le processus de gommage. On soulignera en passant l’art et la manière de l’écrivain qui va jusqu’à effacer son personnage des photos de famille qui ne retiennent plus son image, son souvenir. C’est ainsi qu’il est de plus en plus hors champ et hors de lui, à tous les sens du terme. Il semblerait que Sylvie Germain aime s’interroger sur la place de l’homme dans le monde, au sein de l’humanité. Toutefois, l’absurdité aux douces saveurs kafkaïennes qui fait le filigrane du roman laisse le lecteur sur sa faim. Quand, à la conclusion de l’histoire, le personnage n’est même plus remarqué par sa mère, celle qui en quelque sorte fut à la fois l’origine et le point final de sa genèse, on se sent un tantinet grugé. L’habileté de Sylvie Germain réside dans le fait qu’elle sait tisser situations drôles et sentiments plus noirs. On aurait cependant préféré qu’elle joue de ses talents de tisseuse pour approfondir ce gouffre de l’inexistence dans lequel a été happé Aurélien. A l’instar du protagoniste , on aime “qu’un oui soit consistant, et un non résolu” (106). Western Kentucky University Karin Egloff HADJ NASSER, BADIA. Les Hédonistes. Paris: La Guette, 2009. ISBN 978-2-36055-000-5. Pp. 112. 9,50 a. Vingt-quatre ans après la publication de son premier roman audacieux, Le Voile mis à nu, Badia Hadj Nasser, écrivaine-psychanalyste, reprend la plume pour demeurer fidèle à sa passion d’écriture tout en affichant une originalité certaine. Son recueil de nouvelles, Les Hédonistes, empreint de générosité et de sincère humanité, propose une exploration des multiples plaisirs de l’existence d’une femme lancée dans une quête ambitieuse, celle de soi. Dès le commencement, dans “Nouvelles cinématographiques”, l’écrivaine inaugure une dialectique de l’espace marquée par le va-et-vient entre le dedans et le dehors qui conditionne la compréhension de l’intrigue. En effet, des femmes tangéroises bravent tous les interdits pour fréquenter le cinéma Vox. Elles transcendent les barrières pour s’abreuver à la source de la culture arabe: Le Caire, chatoyant et charriant les gemmes des films égyptiens. Elles osent même se débarrasser du haïk ou de la Reviews 853 djellaba pour assister aux séances de l’après-midi qui leur sont réservées. Face à ces actes de transgression, les maîtres ont sévèrement réagi et les “répudiations plurent sur les héroïques cinéphiles” (15). Celles-ci affichaient leur fierté d’avoir risqué leur foyer pour obtenir une...

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