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révélés, les apparences demeurent, pour la plupart, trompeuses et les pistes brouillées. Quant à l’héroïne, jeune fille rebelle à la personnalité complexe et aux intentions incertaines, elle s’avance d’un bout à l’autre de la narration, masquée. Loin de résoudre l’intrigue alambiquée, à la manière d’une enquête traditionnelle , le texte enfonce le lecteur dans des méandres que même la dernière page n’élucidera pas complètement. Au-delà du caractère énigmatique de l’histoire, la multitude des créatures mises en scène et des aventures évoquées, en conférant à l’ouvrage l’aspect d’un roman picaresque, est aussi l’occasion pour Virginie Despentes de se livrer à une satire sociale coriace. Aussi ce polar, qui se déploie entre ambitions crapuleuses et illusions perdues, prend-il les dimensions d’une comédie humaine moderne. À travers son brassage de personnages hétéroclites et leurs destins croisés, l’auteure dresse le constat cynique, mais non dénué d’humour, d’un monde mal en point, composé de groupes ou de cercles rivaux à la dérive, prisonniers de systèmes fumeux et de motivations personnelles vénales. Intellectuels, idéalistes, militants, mystiques, jeunes, vieux, punks, gothiques, babas, beurs, snobs, aristos, bobos et prolos: aucune couche sociale, aucune strate, aucune chapelle n’est épargnée. La même plume vitriolée dénonce la vacuité des relations humaines, réglant au passage quelques comptes à des milieux que de précédents ouvrages avaient déjà bien écorchés: cénacle littéraire et bourgeoisie bien-pensante, en particulier. Cette fresque contemporaine est également l’occasion pour l’écrivaine de réitérer sa vision virulente et très actuelle de la femme et de la féminité. Non seulement tout le texte se trame sur fond de rencontres et d’amours lesbiennes, mais il valorise le “sexe faible”, en reléguant les hommes, portraiturés pour la plupart en êtres veules et velléitaires, au second plan, et en faisant endosser des rôles traditionnellement virils (enquêteurs, terroristes, meneurs, casseurs) à des femmes de caractère. On peut regretter l’aspect mécanique et caricatural de certaines saillies. De même, la langue composite et quelque peu artificielle qui mêle un registre soutenu à l’idiolecte des quartiers, et l’inspiration américaine du livre, rappelant notamment l’écriture d’un Hubert Selby, semblent procéder d’une stratégie commerciale déjà bien rodée. Néanmoins, la virulence du ton et l’abondance des péripéties et des personnages confèrent un dynamisme au récit qui, de fait, ne s’essouffle jamais. Sauvage et débridé, ce road book narre une cavale qui est aussi pour les lecteurs une diabolique chevauchée. Son déroulement donne plus d’une fois l’impression d’être, à l’instar des deux détectives et protagonistes de l’histoire , “à califourchon sur un taureau de corrida” (185). Cette course folle est couronnée par un final tonitruant, aussi inattendu qu’apocalyptique, qui justifie le titre et le tempo du texte. Western Washington University Cécile Hanania ECHENOZ, JEAN. Des éclairs. Paris: Minuit, 2010. ISBN 978-2-7073-2126-8. Pp. 175. 14,50 a. Des éclairs is the third, and, according to the back page, the last in a series of fictional biographies which included Ravel and Courir. All three novels deal with a person of undeniable genius, be it in the arts, sports or in this final installment, 210 FRENCH REVIEW 85.1 the sciences. In each instance the narrator seems somewhat perplexed by the disparity between his subject’s excellence in his field and his rather dull, or at best, eccentric personality. Also, while these famous people may indeed have enormous psychological complexity, the narrator, aside from some cursory forays into that area, makes no real effort to explore what, if anything, lies below the surface, and might reveal something of the nature of his subject’s genius. In Des éclairs, Gregor, the fictional persona for Nikola Tesla, the great mechanical engineer and inventor, is born in Eastern Europe amid a thunder and...

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