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“beaucoup de bon temps” (50). Même son mariage a été un succès. À la veille de ses 82 ans, dans son grand appartement parisien, malgré l’horreur des camps de concentration, Zimmer a réussi sa vie et semble tout avoir pour terminer paisiblement ses jours. Mais si Zimmer a survécu à Auschwitz, il y a abandonné sa sensibilit é et toute illusion sur l’espèce humaine. Les pauvres? Ils sont “là pour crever” (10). Les Palestiniens? Qu’ils “aillent crever” (11). Et les Israéliens alors? Qu’ils “aillent crever avec eux” (11). Dans le quartier où habite Zimmer, on trouve très peu d’Arabes. Heureusement, car le vieil homme a pris la mauvaise habitude de les assassiner. Trois déjà, et ce n’est pas fini: “le prochain sera un Noir” (17), puis il sera temps de régler “son compte à un Juif” (18). Sa vie s’est transformée en lutte meurtrière contre les Autres. Dans son premier roman, Olivier Benyahya frappe fort. Ce monologue cynique de soixante-dix pages, au style froid mais soigné, agresse, dérange et révolte . Mais derrière la provocation et la recherche du scandale, c’est bien d’une critique sociale éclairée qu’il s’agit. Les “surnuméraires” (42) fournissent le point d’appui de la réflexion de Benyahya: la communauté juive, son lourd passé, ses dissensions, ses peurs; l’immigration et la violence des jeunes de banlieue; les Noirs qui “l’ouvrent moins que les Arabes” sans qu’ils ne “vaillent mieux” (17). Le survivant d’Auschwitz n’épargne rien ni personne parmi les minorités, ceux qu’il appelle les “parasites” et auxquels il s’identifie, ayant connu un statut similaire pendant les années 40. D’ailleurs, après la période de grâce—l’oubli salvateur qui a suivi la Shoah—les synagogues brûlent de nouveau, les croix gammées réapparaissent , et des “Morts aux Juifs” se font régulièrement entendre. La panique monte chez les Juifs dont beaucoup pensent aller se réfugier en Israël, dégoûtant Zimmer par leur lâcheté. Nationaliste, le vieil homme pense qu’il ne faut pas oublier qu’en France “nos droits sont respectés, notre parole est libre” (47). La France, ce “pays curieux [...] qui m’a tant donné ” (47) est capable du pire mais aussi du meilleur, à l’image du couple qui a sauvé son frère Claude des rafles pendant l’Occupation. À court de temps, harcelé par les six millions de voix des victimes du génocide nazi qui tourbillonnent dans sa tête et les souvenirs qui prennent le dessus sur la réalité, il craque, écœuré. Même si pour lui ses meurtres œuvrent au bien-être de l’humanité, il oublie son leitmotiv: “Il faut en toute chose conserver la mesure”. Benyahya nous offre un regard atypique sur la société française contemporaine par l’intermédiaire d’une réflexion sur la reconstruction personnelle et collective, mais aussi sur le “vivre-ensemble” mis à mal par l’extrémisme ainsi que sur les difficult és à surmonter la barbarie du vingtième siècle. Zimmer a ramené d’Auschwitz une lassitude terrible, alimentée depuis par les aberrations qui l’entourent et qui lui rappellent constamment que le problème, au fond, c’est que les gens ne changent pas. Ce personnage serait-il le misanthrope du vingtième siècle, une sorte d’Alceste meurtrier à la retraite? Pas si vite. Si ses derniers mots sont “Et je vous souhaite la mort” (70), c’est parce qu’il nous veut du bien. University of Cincinnati (OH) Étienne Achille BILODEAU, JOSÉE. Incertitudes. Montréal: Québec Amérique, 2010. ISBN 978-2-76440746 -2. Pp. 131. $16,95 Can. This Québécois author delivers her fourth publication on the heels of the 2008 388 FRENCH REVIEW 85.2 novel On aurait dit juillet, praised for its mosaic of contemporary urban scenes. Josée Bilodeau’s latest book is a collection of eleven nouvelles, each finely developed ; yet, the work as a whole nearly amounts to a novel thanks to...

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