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(1991–2005), que les frères ont commencé à écrire à partir de l’échec de Je pense à vous (1991). Dans leur nouvelle période, à partir des années 90, leurs œuvres de fiction La promesse (1996), Rosetta (1999) et L’enfant (2005) ont été reconnues par de nombreux prix et deux Palmes d’Or. Mai capte pourtant des aspects du “réalisme sensuel” happant et désorientant le spectateur, déjà remarquable dans le maniement de la caméra dès le documentaire Regarde Jonathan (1983). Dans la séquence du passage d’un train, le temps que celui-ci soit passé, les spectateurs, occupés à identifier des couleurs floues, ont à peine eu le temps de reconnaître l’objet. Leur perception du mouvement est un choc car ils doivent aussitôt s’adapter à la fixité d’un terrain vague. Dans La promesse et dans Rosetta, Joseph Mai étudie de près l’utilisation particulière du plan-séquence, des coupes abruptes, des gros plans entrant dans les textures, et de la danse de “la caméra folle” (expression de Frodon) qui prend et suit les mouvements, les interactions ou la distance entre les personnages, plutôt que les personnages eux-mêmes. Filmés entre les êtres, certains objets deviennent des présences. Les spectateurs sont malmenés hors des codes habituels: l’organisation des plans-séquences, les gros plans et les trajets de la caméra invitent la participation des sens autres que la vue. L’absence de perspective générale sur un espace reconnaissable produit une décentralisation du visuel et l’éveil du contact. Dans l’entretien avec Toubiana et Benoliel, les frères disent n’avoir “pas de point de vue”: il s’agit des repères des corps. Le texte de Mai est riche de références critiques et de remarques judicieuses sur des films d’autres créateurs touchant notre conscience, depuis Vigo jusqu’au “cinéma de banlieue”. Deux œuvres de Levinas imprègnent l‘étude: Totalité et infini: essai sur l’extériorité (1961) et Noms propres (1976). Selon Levinas, l’autre n’est ni connaissable ni réductible à un objet. Mai montre comment, dans La promesse, l’utilisation authentique du langage, notre fond commun, est une nécessit é éthique. Pour Luc, la manière dont Levinas décrit le visage de l’autre comme un “ premier discours” implique l’exigence d’une conversation. Dans Rosetta, les gros plans sur le visage de Dequenne mettent en scène le “face-à-face éthique” du penseur. Dans un entretien avec Laure Adler, les frères affirment puiser un principe fondamental dans cette citation du philosophe: “Spiritual life is essentially moral life, and its predilection is economic”. Dans Le fils (2002), passant des “mots impossibles” à la possibilité d’un dialogue, les personnages arrivent enfin à saisir leur “dernière chance de se trouver”. Avec les Dardenne, la salle de cinéma devient un espace éthique. En 1999, la ministre belge de l’emploi a appelé “Plan Rosetta” sa législation augmentant les options pour les jeunes travailleurs. Mai, suivant le style des cinéastes, n’offre pas sa conclusion. Convaincante, son étude montre comment les films des Dardenne parviennent, sans discours, à un effet éthique sur leur audience. Gettysburg College (PA) Marie-Jo Binet MCLAUGHLIN, NOAH. French War Films and National Identity. Amherst, NY: Cambria, 2010. ISBN 978-1-60497-683-0. Pp. 308. $114.99. This book slightly reworks Noah McLaughlin’s 2007 dissertation, Strategies of the French War Films, into a close analysis of ten films demonstrating the evolution of strategies in war movies, from literary appropriation to allegory, myth, and experiments in history. The first part of the book examines the films as cultural Reviews 615 products of their times, while the second part studies them as self-aware historical reconstructions. This approach in itself is not particularly new. However, each chapter has recurring themes that, if reorganized, would provide a better idea of the evolving French national identity—whose importance is highlighted in the book’s title—instead of merely being a formal discussion regarding the specific strategies of each film. McLaughlin begins his studies with Abel Gance’s...

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