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Society and Culture edited by Marie-Christine Koop BARD, CHRISTINE. Une histoire politique du pantalon. Paris: Seuil, 2010. ISBN 978-2100407 -6. Pp. 400. 22 a. À voir la dimension de ce volume, on pourrait se demander: que peut-on bien dire en tant de pages sur un “vêtement qui nous habille de la taille aux pieds en séparant nos deux jambes” (7)? Partant de sa simple définition et de son humble origine associée à des conditions dominées, celles “du vaincu, du Barbare, du pauvre, du paysan, du marin, de l’artisan, de l’enfant, du bouffon” (10), l’auteure suit la trajectoire du pantalon du bas de l’échelle sociale vers le haut, et la lutte acharnée des femmes pour l’appropriation de cet “emblème de la virilité” (20). Ce faisant, c’est quasiment toute l’histoire de l’Occident qui est examinée, depuis la Révolution française jusqu’à nos jours, agrémentée d’un grand nombre d’illustrations. Adopté après l’abolition des privilèges et des lois somptuaires qui réglementaient la manière de se vêtir en fonction de la classe sociale, le pantalon devient dès 1793 symbole d’égalité et fraternité, de rupture avec l’Ancien Régime, et de passage au nouvel ordre social républicain—malgré un bref retour aux fastes de l’ère précédente sous Napoléon. Toutefois, une ordonnance de police datant de 1800 interdit aux femmes le vêtement masculin, c’est-à-dire le pantalon, et précise que “toute femme désirant s’habiller en homme, devra se présenter à la Préfecture de police pour en obtenir une autorisation” (70). Une “travestie” ne possédant pas ce document sera arrêtée et menée à la Préfecture. Tout au long des dix-neuvième et vingtième siècles, les femmes, plus particulièrement les féministes, continueront à réclamer le droit de porter le pantalon pour diverses raisons, notamment son côté pratique et son coût peu élevé. Peu à peu, la réglementation est assouplie pour le permettre aux femmes cyclistes et aux cavalières; il sera également accepté dans les milieux sportifs féminins. Tout en examinant cette évolution et la lutte pour éliminer les obstacles moraux, psychologiques, sociaux et culturels que les adeptes doivent surmonter, Bard nous régale, en parall èle, avec des détails fascinants sur l’histoire du socialisme, du féminisme, du sport, des Jeux olympiques, de la mode, de la presse, de la politique, du travail, dans lesquels est imbriquée l’histoire du pantalon. Dans l’immense galerie de pionnières en pantalon, apparaissent des femmes célèbres ou moins célèbres, ou de simples ouvrières qui se travestissent pour obtenir un salaire d’homme. Le vêtement qu’elles arborent reflète leurs idées, leur sexualité—homosexualité ou bisexualité—et les différentes significations qu’elles accordent à leur apparence. L’auteure s’attarde davantage sur un grand nombre de ces émancipées. Par exemple , une grande partie du chapitre 8 est consacrée à la doctoresse Madeleine Pelletier, née pauvre en 1874 et finissant ses jours en 1939, dans un asile où elle est enfermée comme “faiseuse d’anges”. La vie de la championne en tous sports Violette Morris (1893–1944) et son fameux “procès de la culotte”, qui occupe la presse parisienne en mars 1930, suscitent un grand débat sur le droit au pantalon, et se lit comme un roman policier. Ayant perdu son procès, cette “vedette pas comme les autres” (261), devenue espionne pour la Gestapo, sera abattue par des hommes du maquis. Une documentation exhaustive, française, anglaise et américaine—qu’on aurait souhaité trouver dans une liste bibliographique—permet à Bard de suivre Reviews 569 la passionnante histoire du pantalon jusque dans les pays anglo-saxons d’où proviennent des forces et des influences non-négligeables. Notons, entre autres, celles de l’Américaine Amelia Bloomer qui a donné son nom à un modèle de pantalon , ou des groupes religieux ou hygiénistes qui luttent contre l’emprise “satanique ” (117...

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