In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

les “plis” heideggériens, ces chiasmes et jeux étymologiques qu’il s’ingénie à appliquer à une révélation du langage. L’ouvrage est savant et procure une illustration riche sur une période de remise en cause artistique et sociale. Les théoriciens postmodernes se reconnaissent dans cette “Figuration narrative” contestant les principes de la représentation jusque dans l’hyperréalisme qui détruit la référentialité des signes. Bourdieu l’appelle simulacre d’image; Deleuze l’effacement du modèle, Foucault la commercialisation du désir, et Lyotard la fantaisie libidinale. Les peintres sembleraient presque indiquer: “Ceci n’est pas un tableau!” Malgré des qualités certaines sur l’échange intellectuel avec l’art, Wilson ne propose pas de commentaires sur les œuvres des philosophes parallèlement à celles des artistes. La vérité en peinture de Derrida, La condition postmoderne de Lyotard, les articles d’Althusser, Bourdieu, Deleuze ou Foucault ne sont pas considérés en perspective avec leurs orientations critiques. On ne peut certes pas dégager en 210 pages (hors notes) les recherches esthétiques et sociales de six penseurs et six artistes. Au demeurant, l’ouvrage nous éclaire sur la “figuration narrative” mais pèche en ne situant pas le rôle de la théorie française. La problématique du titre reste encore à discuter, à savoir si les philosophes ont nourri un mouvement visuel contestataire ou si la pensée postmoderne s’est formée sur un art populaire tourné vers des interrogations sociales. Stony Brook University (NY) Franck Dalmas Creative Works edited by Nathalie Degroult ALBOU, KARIN. La grande fête. Arles: Actes Sud, 2010. ISBN 978-2-7427-9295-5. Pp. 170. 18 a. Réalisatrice, actrice et scénariste, Karin Albou est surtout connue pour sa production cinématographique: Le chant des mariées, La petite Jérusalem et Aïd elK ébir. Avec La grande fête, elle orchestre avec une grande maîtrise de l’écriture, rythmée, soignée à l’extrême, son entrée dans le domaine littéraire. Ce roman tire sa force et son originalité en abordant un drame humain, pour traiter de la condition féminine et surtout pour dévoiler un destin de femme, de toutes ces femmes qui, enfermées dans une société rigide et archaïque, sont considérées comme des mineures à vie. Des femmes soumises aux traditions et coutumes dans un système patriarcal, qui affrontent oppression familiale, conjugale, sociale et religieuse. Ce récit s’intègre aussi dans un espace-temps bien délimité, à savoir un village de l’Est algérien durant la décennie noire de cette guerre fratricide entre l’armée et les groupes islamistes qui ont terrorisé les populations des villages isolés. C’est aussi l’Aïd el-Kébir, la fête du mouton, que tout le monde s’apprête à célébrer dans une ambiance festive. Mais dans la famille d’Hanifa, le cœur n’est ni à l’exaltation ni à la jouissance de ce cérémonial religieux. Le père mourant sait que c’est sa dernière “grande fête” et, préoccupé par la situation tragique qui frappe sa plus jeune fille, il désire la voir mariée pour mettre fin aux accusations accablantes dont elle fait l’objet. Il veut la protéger de la loi des hommes, car il sait qu’après son grand départ, le tuteur légal de sa fille sera son beau-fils Ahmed qui 578 FRENCH REVIEW 85.3 a rejoint depuis quelques années les rangs des islamistes. Mais ce qui le perturbe le plus, c’est que des femmes ont découvert le cadavre d’un bébé mort rejeté par les vagues sur la plage. Hanifa est accusée et les soupçons pèsent lourdement sur elle et accablent sa famille. Le roman s’organise autour d’une apparente découverte de l’histoire de l’héroïne et avance d’incidents en soubresauts intérieurs. Les diverses scènes s’enchaînent de manière à constituer un tout cohérent, à restituer avec justesse la...

pdf

Share