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d’ironie et gouffre insondable. Le lecteur comprend vite qu’il n’a pas affaire à un récit comme les autres. À la narration principale de ces deux voix s’ajoute une escorte de renvois de bas de page bibliographiques, de digressions érudites et d’éclaircissements vers des domaines aussi pointus que l’histoire de la délation sous Vichy ou l’angélologie hébraïque. Une telle bibliothèque contribue à former, au fil des pages, une géographie céleste et infâme qui fournit au récit le moyen de superposer, dans un Paris d’aujourd’hui neutralisé par la banalité, l’histoire immédiate et profane des Hommes et celle, subjective et quasi-atemporelle, des Dieux. De sorte que l’ici-bas et l’en-haut se répondent “tandis que les choses tournent sur elles-mêmes, et se croisent, et se changent l’une en l’autre” (90). En ce début de vingt-et-unième siècle où selon S.G., Dieu, justement, n’intéresse plus personne et où, d’après Rothman, l’avachissement moral occupe les salles de cours d’histoire contemporaine, l’air raréfié de ces disciplines pointues offrent un environnement intellectuellement riche, capable de répondre aux esprits remarquables qui ont trouvé, dans la défaite de 1940, matière à ascèse et à résistance. La seconde partie de Sols prolonge donc ce dialogue entre narration et érudition puisqu’ il est constitué de l’édition scientifique du texte de Danteuil. Présenté sur le modèle talmudique, ce dernier se place au centre de la page alors que les marges permettent aux commentaires de S.G. de se déployer et que le bas des pages laisse à Rothman l’ample occasion d’éclairer le lecteur sur le contexte historique . L’effet de superposition narrative et de mise en page est impressionnant. L’œil est sollicité dans tous les sens de la surface de la page, ce qui permet d’attribuer à trois voix distinctes la puissance d’idées contradictoires et complémentaires . Ces effets de réel rares piquent la curiosité intellectuelle du lecteur et augmentent en même temps la puissance de la fiction au service de l’histoire. Car le témoignage de Danteuil brosse un portrait d’esprits à l’héroïsme discret, à la fois tournés sur eux-mêmes, acharnés “à penser dans la France d’ Hitler” (136) et qui par leur quiétisme offrent à l’Oppression le moins possible de surface spirituelle pour se réaliser. Et de la même manière que Danteuil, cloîtré pour éviter la déportation, éprouve le désir de prendre des nouvelles de ce pays dont il occupe secrètement une chambre parisienne en se faisant livrer des documents de propagande vichyste, Rothman et S.G. portent sur le monde de l’image, et en particulier celui de la télévision, un regard qui paradoxalement atténue leur colère pour l’époque à laquelle ils appartiennent. Une troisième partie, beaucoup plus courte, et placée comme en écho au Pendule de Foucault, conclut ce roman. Sans constituer le lieu d’un coup de théâtre, le geste final de l’auteur n’est pas le moins malicieux. Il suggère un basculement complet de l’échafaudage narratif, de sorte qu’on pourra lire Sols d’abord et avant tout comme un hommage appuyé au pouvoir de la fiction. Alliance Française de Denver (CO) Jean-François Duclos DENUZIÈRE, MAURICE. Un homme sans ambition. Paris: Fayard, 2011. ISBN 978-2-21363388 -6. Pp. 362. 20 a. I have always admired and yet wondered why Herman Melville’s Bartleby (Bartleby, the Scrivener) and Albert Camus’s Meursault (L’étranger), among others, insisted on the phrase “I would prefer not to.” As if in response, Maurice Denuzière develops the character Benoît Escalet whose story begins with such a 782 FRENCH REVIEW 85.4 refusal to play with others and yet has the capacity to recognize the importance of une bonne action. Benoît, of course, is the anti-hero of this narrative that is wonderfully funny because of its articulate...

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