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“pour accéder à un bonheur éclatant” (15). Deux mois avant cette échéance, elle rencontre le grand amour dans un aéroport londonien en attente d’un vol qui les mènera à Bombay et vers leur histoire. Avec Pierre, grand reporter, elle connaîtra l’amour sorcier, l’amour chimérique, l’amour fou qui donne au roman ses pages les plus vibrantes et les plus lyriques. Sans cette rencontre, Lysange aurait-elle répondu à l’invitation insolite de Tomas Uhlrich, parfait inconnu qui a lu son livre sur les mouvements migratoires des Allemands en Amérique du Sud et qui, puisqu’il a décidé de finir ses jours au Brésil, lui propose sa cabane du Sud-Ouest afin d’en disposer à sa guise? Sans leurs origines communes—comme Tomas, Lysange est née au Brésil, pays que la famille a quitté quand elle était enfant et où la mère est partie revivre à la mort de son mari—Lysange se serait-elle rendue au Cap-Ferret, lieu de “passage stratégique des oiseaux migrateurs” (95) qu’ils soient à plumes ou de chair et de sang? Dans la bibliothèque de Tomas, cet “homme vaste” (81), mystérieux et buté, qui a vécu la saudade, cette “tristesse particuli ère” (394) faite de regrets, nostalgie et mélancolie, Lysange découvre le journal de Sœur Madeleine, jeune missionnaire qui a quitté sa vie claire et protégée au Carmel pour apporter des médicaments aux Indiens dans l’enfer vert, sombre et dangereux de la forêt amazonienne. Des extraits de ce journal s’insèrent entre les autres chapitres menés à la première et troisième personne, l’histoire de Sœur Madeleine se glisse entre Lysange, Pierre et Tomas. Comme Hugo de Padilla, Deghelt ne parle pas de Sœur Madeleine d’un ton frivole; son histoire est le cœur du roman, le cœur des ténèbres où coule l’Amazone et d’où découlent des secrets. Alors que la nonne remonte le fleuve, Lysange remonte à sa propre source. Si la nonne d’Hugo peut, loin du monde, se servir des anges comme boucliers contre les démons qui la menacent, celui de Sœur Madeleine est justement appelé Angel. Avec lui, elle découvre les Indiens et leurs croyances, l’hypocrisie de la mission évangélisatrice, ses méfaits et ses abus, les exactions commises par les seringalistas, “barons du caoutchouc” (144) exploiteurs de la population indigène, la défiance de certains Indiens envers les Blancs qui apportent maladies, alcool et armes, ce “génocide qui ne dit pas son nom” (297) et surtout, l’amour. Si Lysange ne peut s’empêcher de relever la naïveté de Sœur Madeleine, elle ne peut également éviter de se sentir proche de cette femme passionnée dont le journal lui est devenu indispensable. Deghelt mène ce roman, vibrant et sensuel, de main de maître, accordant à ses deux héroïnes deux voix bien distinctes. Le récit de Sœur Madeleine prend toutefois facilement le pas sur l’histoire de Lysange dont les émois ennuient et agacent parfois. Cependant, le texte reflète bien les écueils, les interrogations et révélations et du périple amazonien et de ces femmes qui aiment. Eastern Connecticut State University Michèle Bacholle-Bošković DEL AMO, JEAN-BAPTISTE. Le sel. Paris: Gallimard, 2010. ISBN 978-2-07-012909-6. Pp. 306. 19,50 a. Voici le second ouvrage d’un jeune écrivain à la carrière prometteuse. Là où son premier roman, Une éducation libertine (2008), se situait au dix-huitième siècle, avec Le sel, Jean-Baptiste Del Amo—pseudonyme pour Jean-Baptiste Garcia— nous offre un livre pleinement ancré dans l’époque contemporaine, tout aussi richement sensuel que l’était son premier. La force et l’originalité de ce roman se Reviews 983 trouvent en partie dans sa structure narrative. Nous avons en effet une histoire racontée de la perspective de quatre personnages, membres d’une même famille. Alors que Le sel se divise en trois grands chapitres numérotés et...

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