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tout, contre l’absence, contre la disparition, contre le néant. Mais tenter de faire entendre la parole des morts ou des disparus n’est pas une mince affaire. L’écriture fragmentée, éclatée de Consolation exige du lecteur une attention sans faille et malgré cela, ce dernier perd plus souvent que de coutume le fil d’une intrigue qui a du mal à exister. Certes, c’est l’absence d’histoire et son impossibilité qui donnent au texte sa raison d’être. On ne peut s’empêcher cependant de regretter cette lecture sans fil ou sans filet. À la place, l’auteur nous offre des “intermittence [s]” (56) narratives, éclats de paroles, images décomposées, comme si cet ersatz de texte se voulait tentative de reconstitution d’une communauté disparue, d’un état-civil dissous. Coule alors le sang, comme l’encre, à travers les pages de cet ouvrage merveilleux, mais revêche. Calle-Gruber ne manque pas de talent, loin de là. Sa tentative de trouver un espace (vertigineux) où faire affleurer la parole des morts est admirable. Mais trop souvent, cette parole est “incommunicable” (124). À force de briser l’ossature du texte, à force de vouloir (dés)incarner la parole disparue, “le récit s’affole, suffoqué” (125). À force de défier les conventions formelles et génériques, le roman (qui n’a de roman que la mention en-dessous du titre) s’égare et égare le lecteur. Quant au fil conducteur (la création serait la seule consolation à l’existence ), on est bien obligé de considérer qu’il s’agit là d’une vieille lune (l’art salvateur ). Reste alors les chemins de traverse que suggère la lecture de ce texte déroutant. En l’absence d’intrigue, de personnages clairement définis, Consolation propose une lecture à plusieurs voix, cheminant entre roman et poème, chant et mélopée mortuaire, une “consolation” qui essaie de s’approprier l’oubli sans tomber dans le pathos (exercice périlleux et presque impossible dans ce genre d’ouvrage). C’est dans sa tentative de rapprocher les extrêmes, l’Orient et l’Occident, la judéité et le catholicisme, que Consolation est le plus convaincant. Ode à la modernité, au nouveau roman, il réussit à convaincre de la nécessité de construire une histoire à base de fragments, ceux de nos histoires martyres, l’histoire de la modernité. Il n’empêche que la difficulté de lire ce texte le rend sensiblement moins pertinent, moins accessible, moins vivant. Ce qui va à l’encontre du but avoué de Consolation. Rutgers University (NJ) Jean-Louis Hippolyte DALEMBERT, LOUIS-PHILIPPE. Noires blessures. Paris: Mercure de France, 2011. ISBN 9782 -7152-3160-3. Pp. 221. 16,50 a. The novel is polyphonic, alternating the voices and the lifelines of an African struggling against extreme poverty to finish his studies, a white man whose childhood in Paris has been marked by his father’s involvement in the American civil rights movement, an embedded narrative of his father’s early youth told by his mother, and a series of third-person interludes narrating the relationship between the black man and the white. The title also is polyphonic, referring to wounds caused by color or associations with color, to people of color, or by people of color, and most of all the wounds that suppurate in the dark of the soul. The principal theme that unites the narratives is the loss of a father. Mamad’s father , the black man, disappeared when he was a child, leaving the mother still young and burdened with many offspring. He lets go easily of the father’s abandonment but he wants above all to have his own son with whom he can share his Reviews 981 life story. His narrative is sprinkled with “comme je le dis au fiston.” Kala, on the other hand, begins a vexed relationship with his father and race as he observes the father’s reaction to the assassination of Martin Luther King. He cannot understand why this black man and this death have so deeply affected his father. He learns through his mother of his father’s affectionate relationship with black troops...

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