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halo de sens ne luit qu’entre les mots” (202). Cette pensée nous ramène au commentaire d’Harry, le petit ami de la fille d’Anna, qui estime que “le principe d’incertitude ” de Leslie devrait se dire, “principe d’indétermination” (197). Ce livre est parfois humoristique: l’engrais américain sorti des cabinets d’aisance pour engraisser les champs était “la seule bonne chose” (49) faite au Vietnam; parfois poétique: Minnie, la fille d’Anna apprécie le film “Atlantic City” avec “les rêves déçus, et l’espoir qui renaît” (140); parfois dramatique: Leslie a-t-elle tué un Indien au Salvador, ou était-ce Josua ou Jim? Malgré les personnages qui prennent longtemps à se développer et les conversations dont les sujets rappellent ceux des universitaires, le roman met en valeur la naïveté de certains jeunes idéalistes, la souffrance provenant des guerres modernes et les échanges entre les mondes francophone, anglophone et hispanique. L’universalité du roman se situe dans la quête de soi, recherche que nous conduisons tous. Spence School (NY) Mary P. Schmid Combal DOUBROVSKY, SERGE. Un homme de passage. Paris: Grasset, 2011. ISBN 978-2-24678366 -4. Pp. 548. 23 a. Dans ce volumineux roman, Serge Doubrovsky revient sur les principaux points de sa vie et de son œuvre, en sept parties qui le mènent de New York à Paris. Dans le premier volet, l’écrivain et professeur tourne une page de son existence en quittant l’appartement newyorkais qu’il occupait depuis des décennies. Qualifié de “répétition du Grand Départ” (17), ce déménagement, qui est l’occasion d’un déballage de souvenirs au gré des objets et des documents qu’il retrouve, donne sa forme morcelée à un ouvrage essentiellement composé de réminiscences, mais il lui confère aussi la dimension d’un bilan aux accents testamentaires . Non seulement la description de sa dégradation physique et le sentiment de sa fin imminente y sont omniprésents, mais ses anamnèses font resurgir des êtres pour la plupart disparus: père, mère, oncle, amis et surtout amantes. Car une fois de plus, ce sont les conquêtes féminines de l’auteur qui occupent une place privilégiée sous sa plume. On y découvre des aveux, comme celui de “la plus forte passion de [s]a vie” (443) pour une jeune femme tchèque qu’il n’a connue que quelques semaines dans les années 60, mais on y retrouve surtout nombre d’épisodes précédemment évoqués dans ses livres: ses liaisons mouvement ées avec Rachel (Un amour de soi, 1982), Ilse (Le livre brisé, 1989) et Elle (L’après-vivre, 1994), notamment, qu’il relate avec plus de recul et de mesure qu’autrefois. Le temps des règlements de compte est fini et ce n’est pas non plus la nostalgie qui préside à cette longue remémoration. Sommé de vider les lieux et de faire ses valises, il s’agit plutôt pour lui de saisir les moments les plus déterminants de sa vie. Ce sont donc des scènes fondamentales qui motivent ces rappels du passé. En grande partie liées à un choc (mot récurrent dans le texte), elles apparaissent de façon fulgurante et désordonnée. Aussi l’ouvrage n’est-il ni linéaire ni thématique. Commencé in medias res, louvoyant entre les époques, il est divisé en différents chapitres dont les intitulés: “Départ”, “Zigzags”, “Morts”, “Images”, “Retour” et “Scènes” symbolisent le parcours sinueux d’un homme partagé entre deux continents, quelques langues et plusieurs amours. Mêmes ses routines, essentiellement dévolues, en dehors de l’écriture, à ses déambulations quotidiennes dans ses villes de dilection, viennent renforcer l’image d’un être en perpétuel Reviews 1197 mouvement. Le “passage” inscrit dans le titre est donc emblématique. Rappelant la démarche de Montaigne—“Je ne peins pas l’être. Je peins le passage” (“Du repentir ”, Essais III)—il exprime l’absence de permanence et semble parachever la tentative d’un écrivain qui...

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