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vie dans un pays où le nom de l’immigré importe peu. Ce nom, assez commun en Afrique de l’Ouest, pose une question éthique à propos du déséquilibre des flux migratoires entre les pays du Sud et ceux du Nord. Alors que les Occidentaux peuvent s’adonner aux courses automobiles en Afrique ou en Amérique du Sud, soulevant la poussière, écrasant des chèvres et buvant du champagne, le voyage des Africains dans l’autre sens bute contre la forteresse d’une Europe de plus en plus dominée par les idées de l’extrême-droite. College of New Jersey Moussa Sow DELERM, PHILIPPE. Le trottoir au soleil. Paris: Gallimard, 2011. ISBN 978-2-07-012325-4. Pp. 177. 14,90 a. Depuis La première gorgée de bière (1997), Philippe Delerm poursuit un projet d’écriture, entre l’autobiographie, la sociologie discrète, et le poème en prose. Comme plusieurs de ses livres, Le trottoir au soleil recense les menus plaisirs de l’existence, selon une démarche minutieuse, laconique et souriante qui a fait qualifier ses travaux de “minimalisme positif ” (Rémy Bertrand, Philippe Delerm ou le minimalisme positif, Paris: Rocher, 2005). De courts textes excédant rarement trois pages documentent les moments où satisfaction, bonheur, voire volupté émergent d’une vie ordinaire décrite comme celle de l’écrivain. Ainsi, prendre le train fournit l’occasion de découvrir “une satisfaction profonde et cachée [...] à être dans la vie” (13); voir revenir les saisons alors que l’on vieillit permet de goûter la nostalgie dans les sensations; visiter, en fin de journée, une église dans un village du Puy-de-Dôme fait survenir l’inattendu d’une convivialité bienvenue qui vient s’ajouter à la jouissance esthétique; regarder passer un cortège de mariage fait songer avec soulagement, quand on connaît la raideur de la cérémonie: “c’est merveilleux, on n’est pas invité” (21); remarquer dehors, du train et de son environnement de plus en plus informatisé, des espaces un peu sauvages fait revenir “une civilisation surannée, début vingtième”, car “les lignes ferroviaires sont un parc à l’ancienne, à peine abandonné” (23); cueillir, découper et manger une figue mûre fait comprendre que “l’extase était dans les préliminaires” (25); ouvrir, dans une brocante, un livre sur la spiritualité permet de se rendre compte que “je suis le contraire d’une âme bienheureuse”, parce qu’on préfère les troubles et contradictions terrestres aux nourritures célestes, qu’on joue “le bonheur contre la joie” (29); faire l’amour en secret, avec la même sensualité que lorsqu’on mange une figue, fait s’interroger sur “ce seul mystère”, la sexualité, qui fait renoncer “à la paix de devenir séraphin” (31); contempler, dans un vieux lavoir, les miroitements du soleil reflété par l’eau sur la pierre, apporte que “l’énigmatique perfection de cet insaisissable mouvement semble comme un reproche” car “on va chercher si loin [...] des occasions d’étonnement [...] et c’était là, dans un lieu aboli” (33–34); à la terrasse d’un café, regarder les autres et “devenir” (40) eux, sans cesser d’être soi, constitue sa propre satisfaction, etc. Comme certains écrits d’Annie Ernaux, la retenue analytique—en regard de la précision narrative plus profuse, aussi prudente soit-elle—et l’enchaînement apparemment anodin des épisodes suggèrent de plus amples préoccupations: formelles, littéraires, sociétales et existentielles, pour ne pas dire métaphysiques. Formelles, car chaque minuscule plaisir identifié est prolongé par d’autres et trouve sa place dans une architecture textuelle construite et destinée à montrer Reviews 1195 que la rédemption du réel est l’écriture, car le partage avec le lecteur est “le détail qui permet de tenir” (66). Ce soin rejoint la conscience permanente de la littérature , au travers de références servant à valider le style et la méthode adoptés: Proust de manière récurrente, mais aussi Virginia Woolf, Franc-Nohain, et les grands “amers” (92): Léautaud, Renan, Cioran, Pessoa. L’auteur justifie...

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