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ce texte considéré comme fondateur du mouvement féministe. Certaines lui reprochent une recherche incomplète, d’autres un style peu littéraire. L’autre texte souvent commenté est le premier volet de l’autographie Mémoires d’une jeune fille rangée (1958). De nombreuses contributrices évoquent ce livre comme un reflet de leur propre enfance et adolescence, et on se demande si de jeunes lectrices auraient nécessairement la même réaction en lisant aujourd’hui ce récit d’une jeunesse prisonnière du milieu bourgeois. L’empreinte Beauvoir confirme plusieurs aspects déjà soupçonnés quant à la réception de Beauvoir en France. Le premier étant qu’elle est connue pour ces deux œuvres et reste malheureusement méconnue pour le reste de sa production littéraire. Le deuxième concerne son lectorat en majeure partie composé de femmes. Le recueil compte les témoignages de seulement trois hommes, dont deux sont de fervents Sartriens. En cela, l’ouvrage fournit des réponses aux questions que l’on est en droit de se poser sur le manque de reconnaissance dont souffre l’œuvre de Beauvoir au sein de l’élite universitaire française. Ce volume est donc le miroir révélateur d’une situation de réception particulière et contribue à l’effort nécessaire pour y remédier. Cleveland State University (OH) Annie Jouan-Westlund PEUREUX, GUILLAUME. La fabrique du vers. Paris: Seuil, 2009. ISBN 978-2-02-099655-6. Pp. 669. 30 a. Avec cet ouvrage impressionnant, véritable tour de force mais aussi tour d’horizon du monde de la poésie française depuis ses origines jusqu’à nos jours, Guillaume Peureux prend sa place parmi les grands spécialistes contemporains de la versification, au nombre desquels on trouve notamment Henri Meschonnic, Benoît de Cornulier, Steve Murphy et Clive Scott. Citant ces chercheurs tout au long de son étude, Peureux fait ressortir l’utilité des notions suivantes, que ces derniers ont élaborées ailleurs: les rapports entre un auteur et le “rythme” de ses vers, c’est-à-dire ses “prosodies personnelles” (19); la “loi des huit syllabes” qui semble limiter ce que l’oreille du poète et du lecteur peut percevoir comme une périodicité de segments sonores (146); la “déversification” du poème— appelée aussi “subversification” par Philippe Roche, ou encore “défiguration” par Barbara Johnson—effectuée dès 1872 par des poètes-pionniers tels que Rimbaud, Laforgue, Kahn, Krysinska et Dujardin qui ouvrent la voie aux vers libres; cette déversification sera pratiquée également par Apollinaire, Éluard, Réda, Jaccottet, Roubaud, Queneau et Pleynet qui apporteront, eux aussi, des modifications importantes au vers classique (470–71); et enfin, la nécessité du renouvellement ou de “l’adaptation des modalités de lecture [des aspects prosodiques spécifiques d’un texte] en fonction de chaque poème” (555). L’un des mérites de cette étude est de ne pas négliger les grands prédécesseurs dans ce domaine, qu’ils soient commentateurs, critiques littéraires, théoriciens du vers ou poètes d’autrefois. Aussi Peureux passe-t-il en revue de nombreuses idées-clés sur la versification avancées au cours des siècles par les Grands Rhétoriqueurs , la Pléiade, Boileau, La Harpe, Marmontel, Scoppa, Fouquières, Hugo et Banville. Ces idées se concentrent avant tout sur le système métrique syllabique (en gros, le décompte dit “traditionnel” des syllabes), ayant acquis aujourd’hui auprès du public lettré une sorte d’évidence de fait. Or, l’origine Reviews 1173 mystérieuse de ce système, que Peureux cherche à retrouver dans les traités, arts poétiques et manifestes de toute sorte, tend à “faire passer les habitudes pour une nature de la poésie française et à faire oublier combien ce système a été, en quelque sorte, fabriqué dans l’histoire” (614). Divisée en deux parties qui traitent du fonctionnement du vers, d’une part, et de son histoire, de l’autre, cette étude quasi-exhaustive se présente comme une preuve définitive de la pertinence continue des...

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