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LAROUI, FOUAD. La vieille dame du riad. Paris: Julliard, 2011. ISBN 978-2-260-01959-6. Pp. 248. 18 a. Laroui poursuit, avec une régularité remarquable, son itinéraire d’écriture entamé depuis 1996 avec Les dents du topographe. Ce professeur de littérature à l’université d’Amsterdam, romancier, poète, journaliste et critique littéraire, surprend par la fertilité de son imagination et la qualité de son écriture. Dans La vieille dame du riad, tout commence avec “Et si on s’achetait un riad?” (9), question qui lance François et Cécile, couple parisien, dans l’aventure de l’acquisition d’une demeure au cœur de la médina de Marrakech. Cet achat constitue pour eux la réalisation d’un rêve qui anime tant de Français, désireux de posséder “quatre murs au pied de l’Atlas” (17), choisissant la cité rouge du Royaume chérifien, lieu ensoleillé et attrayant où couler des jours paisibles et exotiques. Malgré des démêlés avec l’agent immobilier, appelé “samsar en arabe, ça veut dire ‘couturier’” (25), le riad qu’ils achètent, situé au “fond d’une ruelle, dans le quartier de Mouassine” (38), semble répondre à leurs attentes, avec son architecture mauresque abritant une “fontaine aux beaux zelliges verts et bleus” (44) et un “gigantesque bigaradier en fleur” (42). Mais dès leur installation, une surprise les déroute. Dans la pièce du fond, le couple découvre une intruse, “une vieille dame, à la peau noire, tellement noire qu’elle semblait émettre des reflets bleutés” (58). Cette femme âgée insouciante, dont personne ne peut expliquer la présence, ne manifeste aucun désir de quitter les lieux. Devant cette situation désagréable, le couple fait appel à un voisin, Mansour Abarro, professeur d’université, qui leur apprend que Massouda (c’est son nom) attendait l’arrivée de ces chrétiens pour lui ramener son fils Tayeb. Pour se débarrasser d’elle, le voisin conseille “d’aller voir la police, au poste qui se trouve à côté du Club Med, sur la place Jemaa-el-Fna” (73). Mais tous leurs efforts demeurent vains. L’histoire devient la matrice de la deuxième partie du roman où l’écrivain prend le risque de raconter des histoires qui formeront la matière même de l’intrigue, réalisant un roman dans le roman. Il remonte à l’an 1900 où le hadj Fatmi était arrivé de Fès pour acheter un riad à Marrakech. Et à travers l’histoire de Tayeb, soldat d’Abdelkrim, il rappelle la résistance glorieuse du peuple marocain contre le colonialisme, cette partie de l’Histoire que, pour des raisons politiques, on a tenté d’effacer de la mémoire collective. Laroui ressuscite un passé lointain et tragique dans les rapports entre la France et le Maroc. Mais il se situe également dans le présent, introduisant des dialogues simples et drôles qui cachent des vérités percutantes sur le retour massif des Français au Maroc. Il révèle courageusement les intentions malsaines de certains visiteurs. À Cécile qui interpelle son conjoint: “Et toi, qu’est-ce que tu vas faire, à Marrakech?”, François répond tout simplement: “Je vais me faire allumeur de vraies Berbères” (22). Pardel à une démarche originale où les idées ne sont pas dissociées d’un fondement historique qui permet à Laroui de rappeler les rapports entre la France et le Maroc, dans leurs dimensions mémorielle, historique et affective, son roman propose une réflexion profonde sur la dérive de la société marocaine, la notion de l’espace, la présence de l’autre, la difficile cohabitation et les différences culturelles. Dans La vieille dame du riad, se retrouvent le ton et la voix des écrits précédents qui confirment Laroui comme l’un des écrivains majeurs de la litt érature marocaine contemporaine; son talent remarquable et sa parole libérée de 420 FRENCH REVIEW 86.2 toutes contraintes rendent son écriture romanesque riche et diversifiée, vive et débordante d’énergie. California State University, Long Beach Najib...

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