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HANE, KHADI. Des fourmis dans la bouche. Paris: Denoël, 2011. ISBN 978-2-207-11155-0. Pp. 150. 14,50 a. Dans son dernier roman qui a pour cadre le quartier africain de ChâteauRouge à Paris, l’écrivaine sénégalaise Khadi Hane dresse le portrait de Khadîdja Cissé, une Malienne qui vit seule avec ses cinq enfants dont le plus petit a pour père Jacques Lenoir, le propriétaire de l’immeuble où elle loge. Mise au banc de la communauté africaine pour avoir entretenu une relation avec un Français, Khadîdja est obligée de cacher son dernier-né, particulièrement aux voisines Tante Néné et sa coépouse, Houlèye: “Mes voisines venaient de sonner, et elles donneraient tout pour voir l’enfant de la honte que je cachais depuis sa naissance. Je m’en voulais de m’être laissée avoir par cette courtoisie qui m’obligeait à les recevoir” (96). Après les critiques des voisines, Khadîdja est convoquée à un conseil des Sages: “Nous t’avons fait venir ici, Khadîdja Cissé, parce que tu nous tortures! [...] Honte sur toi, fille de Maïmouna Cissé! Comment as-tu pu?” (117). Khadidja ne comprend pas qu’on puisse lui reprocher de vivre sa vie comme elle l’entend. Pour les anciens, ses origines familiales l’empêchent de faire sa vie avec un homme blanc: “Tu es une Cissé! poursuivit le chef. Tu n’as aucune idée de l’importance du nom de tes aïeux. Depuis combien de temps tu es en France, pour prétendre oublier qui tu es, d’où tu viens? Tu ne le sais peut-être plus, mais nous savons qui est Bayela Cissé ton père, notre chef à tous” (118). Seule contre tous, Khadîdja préfère garder le silence devant ces hommes qui l’assènent de critiques. Repassant le film de son parcours qui l’a conduite de Bamako à Paris, elle essaie de se consoler avec cette phrase, qui peut être considérée comme une marque de reconnaissance à l’égard du père de son fils: “Seul Jacques Lenoir m’avait sortie de la crasse, lavée et apaisée. Il m’avait appris à aimer, à prendre ce que la vie donnait, même si c’étaient des broutilles. Il était blanc et alors” (121). Des fourmis dans la bouche est un roman sur l’impossibilité d’être soi-même dans une communauté qui reste attachée à ses traditions, peu importe les années que ses membres ont passé dans un environnement totalement différent du leur. Hane nous rappelle qu’il reste difficile pour les couples mixtes d’exister, et de se faire accepter comme tels, en raison des obstacles qui se dressent devant eux. C’est aussi un roman qui montre à quel point la femme africaine a toujours du mal à avoir sa place parmi les hommes. En dehors de ces difficultés que rencontrent les femmes pour afficher leur différence et imposer leurs choix, Hane a voulu montrer, à travers le portrait de son homonyme Khadîdja, qu’il y a de l’espoir, que les mentalités évoluent pour que les femmes puissent avoir voix au chapitre. Khadîdja se montre en femme forte, capable d’élever seule ses cinq enfants, et de tenir tête au conseil des sages qui ne sait rien des difficultés qu’elle rencontre quotidiennement pour nourrir ses enfants. En définitive, Des fourmis dans la bouche est une œuvre sur la difficulté à concilier les traditions avec le modernisme dans un monde qui semble ouvert. SUNY, Albany Anoumou Amékudji HARCHI, KAOUTAR. L’ampleur du saccage. Arles: Actes Sud, 2011. ISBN 978-2-74279952 -7. Pp. 119. 15 a. Née à Strasbourg en 1987 de parents marocains, Harchi est depuis 2010 416 FRENCH REVIEW 86.2 ...

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