La loi du plus fort by Frédéric Chouraki (review)

tue le rêve que les auteurs de la beat generation tentaient de maintenir vivant. Bonvin profite de, et stimule, l’attraction qu’exercent ces auteurs sur notre imaginaire , et qui doit sûrement beaucoup à leur statut d’‘Indignés’ de l’époque, eux qui ont grandement contribué à l’avènement de la révolution culturelle de la fin des années 60. Ce sont les morts des quatre protagonistes qui ouvrent et clôturent le récit et justifient le choix du titre. Le ballast était ce mélange de sable et de gravier dont on remplissait la cale des bateaux pour le voyage du retour après avoir déchargé leur cargaison. On le retrouve de nos jours sur les voies ferrées pour maintenir les rails en position. Et c’est au Mexique, le long d’une voie ferrée, que Cassady, le ballast du groupe, s’écroule à quarante-deux ans, détruit par les drogues et la vie, suivi quinze mois après par Kerouac. Mais l’importance donnée à la mort de ces auteurs, décrite si crûment, ne peut que nous faire penser au texte de Barthes, La mort de l’auteur, dont Bonvin s’écarte pourtant afin de se placer dans la tradition opposée, héritée de Sainte-Beuve. Ballast symbolise ainsi une certaine approche de la littérature où l’on fétichise la vie et l’agonie des écrivains en écartant leurs textes, tout en oubliant que les existences de ces auteurs ne seraient que de peu d’intérêt sans leurs écrits. Car c’est bien à partir de leurs romans que l’on invente la vie des auteurs. Le texte de Bonvin est trop ancré dans une tentative de reconstitution, certes imaginée mais aux descriptions précises et nombreuses fortement inspirées des faits réels, qui entraînent un réalisme incompatible avec les vies décrites, elles-mêmes ancrées dans le rêve. Si les œuvres majeures des auteurs de la génération beat sont mentionnées, on note peu ou pas de citations d’intérêt et les textes ne sont jamais discutés. L’importance capitale de l’esthétique de ces auteurs, inspirée notamment par Céline, n’est pas abordée alors que c’est bien la caractéristique principale de la beat génération: il fallait oser écrire et vivre comme cela. Il est difficile de ne pas se demander à qui s’adresse le texte de Bonvin. Il sera peut-être plus apprécié par ceux qui ne sont pas familiers avec les chefs-d’œuvre de ces écrivains américains et dont la curiosité ne manquera pas d’être piquée. University of Cincinnati (OH) Étienne Achille CHOURAKI, FRÉDÉRIC. La loi du plus fort. Paris: Denoël, 2011. ISBN 978-2-20711175-8. Pp. 205. 16,50 a. There is almost no action in this novel. It is rather a psychological exploration of events in the emotional and intellectual lives of the protagonist, Samuel Eisenberg, and four of his friends and associates. The dramas here are mental, and emphasis is placed on the relationships between individuals. Samuel is an aspiring writer who is pushing forty and has not achieved any success. He is nearly broke and on the verge of losing his studio condo in the Marais. Through a friend named Ester, he gets a job as an advertising sales agent working for Jonas Wolf, who publishes a newsletter sent to India to promote business contacts between that country and France. The aptly-named Wolf turns out to be a predator who soon establishes a sadistic master-slave relationship with Samuel. The hero responds to his victimization in this power struggle with a combination of indignant resentment and masochistic relish. He needs the money, so he puts up with a great deal. Images of hell are repeatedly invoked to describe the horrible atmosphere Reviews 411 that Samuel must face every day. As Wolf becomes progressively crueler in his treatment, Samuel finally rebels and liberates himself from this psychological captivity. Much of the novel also describes the hero’s personal...