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Rushdie ce que Sophocle est à Homère” (49). Ryû Murakami (à ne pas confondre avec son homonyme prénommé Haruki) est “le Régis Jauffret nippon [...]. Comme Régis Jauffret est lui-même le Kafka marseillais, [...] Murakami est donc le Kafka de Tokyo” (41). Par transitivité et osmose, se forme mieux qu’une liste, un réseau dont bon nombre d’éléments se répondent ou s’opposent, s’interpellent et s’excluent. Reste, au centre de la toile, un lecteur unique qui revendique ses goûts et ses influences, et qui n’a pas l’intention d’en rester là, moins pour se mettre en valeur que pour se faire l’intercesseur généreux d’une littérature qui souvent s’embellit aux marges. Dans une veine qui n’est pas étrangère à celle de Charles Dantzig, plusieurs fois mentionné, Beigbeder énonce sa définition de la littérature, à la fois utile et allergique au simple désir d’identification. Elle est transitive à plus d’un titre, et c’est par degrés successifs qu’elle nous touche. Ainsi, pour comprendre ce qui se déroule en Libye en mars 2011, Beigbeder recommande un “roman italien de 1949 qui se déroule à Naples en automne 1943” (La peau de Malaparte, 367). L’apocalypse dont il est question dans le titre désigne la conversion en cours de la littérature au format numérique. Ce n’est pourtant pas pour demain, l’auteur le jure, que celui-ci se retrouvera disponible sur nos tablettes tactiles: autant lui souhaiter l’autodafé. Mais l’aspect crépusculaire, quelque peu exagéré, du propos de la préface, n’empêche pas son auteur de demeurer vif, souvent très drôle, aux antipodes d’une nostalgie. Premier bilan est organisé, faut-il le souligner, selon une méthode adoptée naguère par les prescripteurs de musique de variété et dont se sont inspirés les marchands actuels de livres en ligne: le hit-parade. Le paradoxe de la démarche est vite oublié au profit d’un enthousiasme contagieux où de chaque page semble être lancée la formule rafraîchissante de Lautréamont: “Allez y voir si vous ne me croyez pas”. Ce n’est pas le moindre plaisir provoqué par la lecture de ce livre que d’être invité à le quitter pour en découvrir d’autres. Pacific University (OR) Jean-François Duclos BONVIN, JEAN-JACQUES. Ballast. Paris: Allia, 2011. ISBN 978-2-84485-401-8. Pp. 64. 6,10 a. Après La résistance des matériaux (2000), Bonvin produit un court deuxième récit qui, difficilement classifiable mais se rapprochant de la biofiction, narre la vie des figures majeures de la beat generation: Jack Kerouac, Allen Ginsberg, William Burroughs et Neal Cassady. Ballast s’articule autour du personnage de Cassady que l’on suit de New York au Mexique en passant par la Californie, et dont l’existence survoltée servit de source d’inspiration à ses compagnons, Kerouac en particulier. Ce dernier fit d’ailleurs de lui le héros de On the Road, et vécut à travers ses aventures l’existence sauvage dont il rêvait. Dans ce texte intense, saccadé et débridé, à l’image des vies de Cassady, Kerouac, Ginsberg et Burroughs, Bonvin recrée l’univers halluciné des débuts de la contre-culture américaine des années 50 et 60. Ces hommes resteront à jamais associés à l’esprit de révolte contre l’Amérique puritaine de l’après-guerre qui, d’ailleurs, censurait les textes des auteurs auxquels Bonvin rend hommage. Le refus des écrivains de la génération beat, précurseurs du mouvement hippie, de se conformer, de se laisser écraser par le réalisme bourgeois, reste fascinant pour le lecteur d’aujourd’hui. Ainsi cette œuvre nous interpelle d’autant plus de par le climat actuel de mécontentement général envers un monde marqué par les interdits et où le règne du capitalisme brutal 410 FRENCH REVIEW 86.2 tue le rêve que les auteurs de la beat generation tentaient de maintenir vivant. Bonvin profite...

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