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laisse jaillir échappées / d’écriture insolentes / apaisantes et libératrices / pour calmer ta souffrance” (74). As Le murmure des vagues draws to a close, our “Nomade autarcique” finds solace in having faced the uneasy truth of “mains sales / de vieux et jeunes loups / aux dents longues / qui cultivent / racisme et intolérance” and thinks back on “le soleil irradiant / de [s]a cité millénaire” to give his exile “le goût / du miel des saisons” (77). Southwestern University (TX) Aaron Prevots SOLLERS, PHILIPPE. Trésor d’amour. Paris: Gallimard, 2011. ISBN 978-2-07-078086-0. Pp. 214. 17,90 a. Le narrateur, qui ressemble à Sollers, se décrit comme écrivain politiquement incorrect, préférant le dix-huitième siècle libertin à d’autres époques. Il partage avec l’auteur une passion pour l’Italie, pour les femmes et pour Stendhal. Vivant à Venise une bonne partie du temps, il y retrouve Minna, qui enseigne la littérature comparée à Milan, spécialiste, justement, de Stendhal. Elle descend même de Matilde Viscontini, le grand amour malheureux de l’auteur de La Chartreuse de Parme, qui lui inspira De l’amour. Le trésor du titre, c’est elle, belle Italienne à l’existence discrète, presque dissimulée, qui “ne blesse jamais l’espace” (196), qui n’appartient à aucune époque, et échappe ainsi au présent affligeant. Avec elle, le narrateur vit une passion précieuse, quasi-clandestine, qui finit de le convaincre que “la solitude est devenue la seule aventure” (211). Il ne faut pas chercher d’intrigue dans ce “plus-que-roman” (209), puisque d’une part le roman conventionnel n’a “plus le moindre intérêt” (117), et d’autre part les amoureux ont déjà trouvé leur vérité, qui est d’échapper, par l’intimité passionnelle, à toute contingence: “Rien de politique, de financier ou de trash dans ce roman éminemment moral. C’est l’histoire d’un ancien exalté en tout genre qui, peu à peu, guidé par l’amour, retrouve, intacte, sa sérénité d’enfant” (156). La trame discursive se construit par méditations croisées sur Stendhal, sur le monde actuel, sur la romance avec Minna, sur les liens de l’écriture à l’amour. Si Stendhal fascine le narrateur, c’est pour son style inégalable qui “transmet une joie singulière”, qui “nerveusement, émet un message spécial” (197), mais aussi pour sa quête du bonheur, pour ses liaisons, pour son aversion à l’époque où il vécut—qui annonçait la nôtre—pour son désir de se “sortir entièrement de [son] siècle” (23), ainsi que pour sa propension à changer d’identité, à “romancer sa vie” (183). “Son grand roman, c’est lui” (91), remarque-t-il, avant de reprendre à son compte l’épitaphe conçue par Stendhal: “Il vécut, il écrivit, il aima” (94), en soulignant la relation nécessaire de l’un à l’autre: “L’amour naît de la vie qui s’écrit” (94). Stendhal comme modèle et même double existentiel et fictif, donc, car, alors que les “décervelés du 21e siècle” (148) engendrent un profond ennui, “les vrais personnages romanesques deviennent les penseurs ou les artistes de tous les temps, surtout les écrivains, qui, lorsqu’ils ont été vraiment inspirés, n’en font qu’un” (117–18). Comme l’Italie a illuminé la vie et l’œuvre stendhaliennes, elle fournit au narrateur un antidote à la “profonde détérioration du corps français” (166), et à “l’actualité nulle” (80). Venise, surtout, “ville invisible” (23), aux trésors culturels, permet aux amoureux de “s’excepter” (103), de vivre “bien cachés” (22): “Il suffit de savoir s’isoler [...] à Venise pour être, avec des moyens ultra-modernes, en 1760, en mieux” (159). On retrouve ici un trait commun à 228 FRENCH REVIEW 86.1 plusieurs écrivains contemporains, pour qui l’Italie et son patrimoine catholique ou romain constituent un des derniers refuges à la mondialisation, à la disparition d’une civilisation européenne aux racines gréco-romaines. L’autre sujet du livre est la consternation engendrée par “l’aplatissement actuel”, “le complet asservissement américain de...

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