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DELACOURT, GRÉGOIRE. L’écrivain de la famille. Paris: Lattès, 2011. ISBN 978-2-70963547 -9. Pp. 265. 17 a. Grégoire Delacourt, cela ne vous dit peut-être rien, et pourtant si vous avez un jour aperçu une publicité pour le camembert Cœur de Lion, les produits Apple, les bonbons Lutti ou les mouchoirs Kleenex, alors vous êtes déjà familier avec son travail. En effet, Delacourt est publicitaire de métier et signe avec L’écrivain de la famille son premier roman. Tout commence avec un enfant de sept ans qui récite un poème plutôt médiocre devant sa famille qui s’émerveille devant son génie littéraire. Son destin est alors tracé, il sera l’écrivain de la famille. Les années passent, l’écrivain grandit. Il écrit parfois des rimes, mais il faut attendre l’arrivée de Monique pour qu’un vrai travail d’écriture se produise: “Je m’installai au bureau d’écrivain débutant. Elle avait posé six Bic cristal, trois cahiers et une enveloppe. À l’intérieur, une photographie d’elle. Au dos, une dédicace. Je crois en ton talent, travaille bien je t’aime, M (aime-M, sa rime). J’ouvris l’un des cahiers, ôtais le capuchon de l’un des stylos. Voilà. J’y étais” (73). Malheureusement, les maisons d’édition refusent le manuscrit de cette pièce de théâtre. Seule une personne propose de la réaliser directement sur scène. Il faut bien manger, Édouard, double de Grégoire (et la rime n’est sûrement pas innocente) devient publicitaire et trouve le succès. Mais L’écrivain de la famille n’est pas simplement l’histoire d’une carrière. Ce roman, qu’il serait plus juste de qualifier d’autofiction tant la narration est imprégnée d’éléments autobiographiques , est aussi l’histoire d’une famille déchirée. Édouard évoque son enfance douloureuse: le divorce de ses parents, l’autisme de son frère et sa scolarisation dans un pensionnat jésuite. Puis, son mariage raté, ses enfants qui lui échappent et la mort de sa maîtresse. Enfin, son père atteint d’Alzheimer. Le récit est donc riche en émotions mais aussi en interrogations. À travers l’expérience de son personnage, fortement influencé par sa propre expérience, l’auteur tente d’analyser la manière dont l’identité se construit, en commençant par l’enfance et par les attentes que projettent les parents sur leurs enfants. S’ensuivent nos décisions d’adultes le plus souvent forgées par nos rencontres. Le personnage principal de son roman est évidemment affecté par tout cela. Pour être aimé, ou plutôt pour se sentir aimé, il cherche à tout prix à faire plaisir à ceux qui l’entourent. Il semble que Delacourt ait vraiment voulu écrire un roman dans lequel les gens puissent se voir grâce à un ancrage important et précis dans le réel. Le récit est découpé en décennies, des années soixante-dix jusqu’aux années quatre-vingt-dix. Les nombreuses références culturelles de l’époque, qu’il s’agisse de chansons populaires, d’objets à la mode, de livres, de films, voire d’événements qui ont marqué les esprits, semblent parfois forcées. Les phrases et les épisodes relatés au début du roman apparaissent de façon saccadée. Le lecteur commence vraiment à se prendre à la lecture à partir de la deuxième partie, les réflexions d’Édouard, adulte, étant certainement plus proches de celles de son double réel. Même si les échecs du personnage principal assombrissent le récit, sa fin est positive puisque Édouard prend enfin sa vie en main et ne se laisse plus influencer par les autres. Il a alors trente ans et il est prêt à recommencer sa vie comme il l’a décidé, et tout cela grâce à la rencontre d’une femme qui devient ce symbole d’espoir: “Et je l’attendrai” (265). Ces mots concluent le roman, laissant la porte ouverte à toutes les possibilités. University of Iowa...

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