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le guetter de loin, surtout quand il sort en mer. Le jour de son cinquantième anniversaire en 2010, un étrange cadeau l’attend: Simon se noie sous ses yeux sans qu’on sache si c’est volontaire. Après sa mort, elle continue à marcher dans la lande immémoriale tout le jour, transformant sa douleur en errance, elle devient son périple et “toute la lande devient son jardin” (170). Dans une curieuse proximit é avec les animaux et les oiseaux, elle lape l’eau de la mer, fait ses besoins dans la campagne, s’occupe de la baie, la “soigne” (249), car Simon “est devenu la baie” (211) et “elle appartenait au lieu” (232). Le récit se termine vers 2016, alors que Claire a blanchi et “ne sentait pas bon” (209). Elle disparaît en laissant comme dernier souvenir une écharpe souillée, autour de laquelle crie de plus en plus fort un vol de goélands. Ce roman est narré à plusieurs voix et de plusieurs points de vue: celui de Claire, de Simon, de Paul, de Juliette la fille de Claire pour qui elle éprouve peu d’amour filial, et finalement de celui de “Voix sur la lande” (183), où se mêlent les précédentes et celles de ceux qui ont approché Claire. En ressort le portrait d’une femme en rupture de société, qui en a “assez de servir” (35), qui choisit, sans goût, d’être seule, qu’une angoisse inéclaircie saisit souvent, mais qui retrouve un certain bonheur et une clarté sur sa lande natale, dans une vie dépouillée et sauvage. Elle trouve son “paradis” (79) avec Simon au milieu de choses sordides pour le perdre aussitôt et rester avec son souvenir. Le meilleur portrait d’elle est sans doute celui du père Jean, qui la voit moins attachée à Simon que venant “d’un autre monde” (133), dans sa concentration infatigable, son silence, sa “beauté toute simple” (180), trouvant que “la vie est le souvenir le plus touchant du temps qui a produit ce monde” (170), replongeant “tout ce qui arrive dans la combustion plus ancienne” (192). On aura reconnu le thème originel cher à Quignard. Dans son départ brusque puis son errance passionnelle, Claire rappelle les personnages de romans précédents comme Villa Amalia (2006)—Amiens, sorti de Carus (1979), fait d’ailleurs une apparition. Chez elle aussi les perdus se multiplient et résonnent pour ouvrir l’identité au “surgissement de tout” (231), accédant ainsi à une sorte d’accomplissement: “Peu à peu elle contempla ce qui l’écrasait” (194). Quignard offre ici une nouvelle déclinaison, moins artistique et plus naturelle, de la quête qui est aussi la sienne. Saint Louis University (MO) Jean-Louis Pautrot ROMAN, ANNA. Le val d’absinthe. La Tour-d’Aigues: L’Aube, 2011. ISBN 978-2-81590214 -4. Pp. 215. 17 a. This novel is published by Les Éditions de l’Aube, founded in Provence in 1987. Judging by their catalogue, the editors are primarily interested in texts dealing with sociological and political issues, although they have published Gao Xingian, winner of the 2000 Nobel Prize in literature. To a great extent their literary selections feature the work of foreigners such as Tom Clancy, Paul Coelho, and Danielle Steel. All of which is to say that L’Aube is not primarily a publisher of literary texts in French, and when they do the sociological element seems to weigh more heavily in their editorial decisions than the literary one. The title, Le val d’absinthe, refers to a large clearing in northeastern France which would eventually achieve renown under the name of Clairvaux. It was here that in 1115 the 612 FRENCH REVIEW 86.3 future St. Bernard established a Cistercian monastery which lasted until the French Revolution. Subsequently, a prison was constructed on the monastic site, thus replacing the monks with a different order of males who lived together, separated from society and particularly from contact with women. One day in the 1980s an idealistic young woman arrives to teach literature and composition to the inmates. This leads to what is initially an epistolary...

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