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of everything around him. Far from appearing silly, Marin’s use of language underlines the Janus-like nature of adolescents, turned simultaneously toward the past and the future. Like the swimmer of the backstroke, they can’t see where they are going but they take the risk and move ahead. Marin will teach Lisa first to swim and then to do the backstroke. And the beauty of the backstroke is, as several characters remind us, that the swimmer can always see the sky and the stars. Metropolitan State University of Denver (CO) Ann Williams GRAINVILLE, PATRICK. Le corps immense du Président Mao. Paris: Seuil, 2011. ISBN 9782 -02-105267-1. Pp. 330. 20 a. Agrégé de lettres et critique littéraire, Grainville récidive avec un vingt-troisième roman hyperbolique à l’érotisme délirant dans lequel beauté et monstruosité, sacré et profane, humain et animal, passé et futur, se confondent en une réalité bicéphale. La Chine post-maoïste sert de toile de fond et Shenzhen est la grande protagoniste. Le récit s’ouvre sur un vaste panorama de la ville-champignon née du volontarisme de Xiaoping, “bradeur de l’utopie maoïste” (44). La mégapole du gigantisme capitaliste chinois est une “encyclopédie de la copie” (98), une ville sans passé à laquelle manque la dimension onirique des villes historiques. Au centre s’élèvent les tours rutilantes de la finance. Les oligarques milliardaires trafiquent et roulent en voiture de luxe dans un décor ‘sci-fi’. À l’opposé grouille un petit peuple misérable de migrants et de prostituées vivant d’expédients, harcelé par le patronat et la police. Un narrateur bavard et voyeur se penche sur les entrailles de la cité pour nous offrir un spectacle de foire et glisse les panneaux en papier de riz pour guetter l’intimité de chacun. Thomas, l’exilé auquel s’identifie le narrateur, est un de ces ‘professeurs’ de fortune qui hantent les innombrables instituts non accrédités et qui sur le retour d’âge se repaissent d’exotisme surfait dans les bras de quelque jeune naufragée. Thomas a pour maîtresse la belle An, qu’il partage d’ailleurs avec quelques autres. Thomas a divorcé de Mei qui l’accuse d’avoir été un mauvais mari et un père possessif envers leur fille Shan. Celle-ci par esprit de révolte fait une fugue. Dans ce roman à tiroirs, les personnages n’ont guère de densité psychologique mais nous n’ignorons rien de leurs escapades sexuelles. On retrouve Shan travaillant sur un chantier de fouilles dans les catacombes du palais-hôtel de Lan, un magnat du développement urbain qui cache dans une chambre secrète de ses appartements un fantastique tableau, Le corps immense du Président Mao, que repeint à son gré un artiste dissident dément. Le tableau lubrique aux avatars de plus en plus délirants représente le Grand Timonier nu, ventru, fessu, mafflu, un amas adipeux de “viande pléthorique, [...] un cachalot. Moby Mao” (67), entouré d’une foule servile de jeunes filles et d’éphèbes s’évertuant à animer les chairs de l’idole démystifiée, aux antipodes de sa statue officielle caparaçonnée de bronze. La course rituelle des chevaux sur la plage de Shenzhen compose une fresque rupestre hallucinante. Leurs croupes luisantes, leurs naseaux fumants et leurs odeurs musquées sont l’occasion pour le narrateur d’évoquer en parallèle un galbe féminin, le halètement d’un accouplement et les parfums d’alcôve. Femmes, hommes et chevaux se fondent dans un croisement mythique des espèces, en un déferlement humain et équin s’harmonisant au rythme des vagues, cristallisant l’obsession 604 FRENCH REVIEW 86.3 des corps et des priapées sans fin. Cette cavalcade ainsi que les descriptions de la ville ne sont pas sans puissance lyrique. Le style Grainville est un baroque flamboyant qui se lisse les plumes, joue la séduction mais n’évite pas toujours les termes désuets tels que “mastoc” (129) ou “cradingue” (164). Ses descriptions de la plastique chinoise s’étirent à l’envie...

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