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L’approche est exemplaire des futurs hasards d’Un coup de dés, où “the reader must negotiate reading with looking—scanning the page as an entity yet also reading individual words and phrases” (168). Le chapitre six signale un intérêt pour les innovations des livres illustrés à l’exposition de La Maison de l’Art nouveau en 1896, en réaction à une concurrence anglaise et belge de meilleure qualité: “the Parisian avant-garde advocated a ‘new’ form of ‘parallel’ relationships between text and image rather than synthetic or decorative unity” (195). Dans ce cadre apparaitront les collaborations plastiques de Maurice Denis et Odilon Redon. La fin du chapitre informe sur la composition d’Un coup de dés à partir des blocs de texte imprimé, d’une lecture en double page et de la typographie variable, s’inspirant des journaux en plusieurs colonnes et de l’effet d’annonce des titres. Dans le chapitre sept, Arnar parcourt deux modèles de mise en spectacle total compris dans le projet du “Livre”: Wagner et Whistler. Le dernier chapitre étend assez loin les confins mallarméens: depuis les livres-boîtes de Duchamp aux dernières applications digitalisées. Présenté en “anarchiste antibourgeois ”, Mallarmé aurait-il cependant avalisé l’instrument d’un nouveau corporatisme, où sa lecture par choix (“scanning”) deviendrait “the scattering effect of the Google’s search process” (363 n57)? On relève quelques contradictions dans le texte: la police d’imprimerie Didot est définie en “attenuated contrasts” puis “exaggerated contrast” (231); une réponse de Mallarmé à Proust et un portrait de Whistler sont qualifiés d’“infamous” au lieu de “famous” (175, 261). Mais au final, l’étude de la vision de Mallarmé sur le livre est fascinante, exposant aussi la culture de lecture en France et le développement de l’industrie du livre illustré et des mass-médias. Stony Brook University (NY) Franck Dalmas CŒURÉ, SOPHIE, et RACHEL MAZUY, éd. Cousu de fil rouge: voyages des intellectuels français en Union soviétique. Paris: CNRS, 2012. ISBN 978-2-271-07305-1. Pp. 379. 25 a. Pendant environ un demi-siècle, le voyage très organisé—à la fois découverte et pèlerinage—en Union Soviétique offrit à de nombreux intellectuels français l’occasion de participer à un rituel bien réglé, menant souvent à une publication qui célébrait la “grande lueur à l’est” (en 1936, à l’heure du stalinisme triomphant, Retour de l’URSS d’André Gide constitua une exception notoire). La disparition de l’Union soviétique ayant permis l’accès aux archives, les mécanismes complexes de l’organisation de ces voyages peuvent désormais être décrits en détail. Sophie Cœuré et Rachel Mazuy ont sélectionné et classé 150 documents (la plupart étant traduits du russe) qui jettent un nouvel éclairage sur ces visites minutieusement planifiés par des organismes bureaucratiques aujourd’hui disparus. La préparation des voyages, le choix des interlocuteurs, la sélection des lieux à visiter (un kolkhoze en faisait souvent partie): rien n’était laissé au hasard. Quant à la liste des écrivains et artistes français, elle est longue et prestigieuse: Henri Barbusse, Louis Aragon, Romain Rolland, André Malraux, Jean-Paul Sartre, le réalisateur Jean Renoir, le dessinateur Jean Effel, etc. Chacun d’entre eux contribua à sa façon à l’édification de ce que Cœuré appelle dans son introduction “un mythe politique et littéraire durable, matrice du voyage en Chine, en Yougoslavie ou à Reviews 585 Cuba” (10). La lecture des documents rassemblés dans Cousu de fil rouge peut au premier abord sembler quelque peu fastidieuse. On y trouve des rapports, des notes de service, des lettres rédigées avant ou après le séjour en Union soviétique, des statistiques relatives au nombre de visiteurs, classées par pays et par année, et même des menus-types. Cependant, l’organisation fonctionnelle et thématique des documents, ainsi que l’appareil critique fourni par Cœuré et Mazuy, font ressortir des constantes dans ce qui ressemble à une mise en scène destinée aux visiteurs étrangers, auxquels on évitait soigneusement...

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