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AÏT-TOUATI, FRÉDÉRIQUE. Contes de la lune: essai sur la fiction et la science modernes. Paris: Gallimard, 2011. ISBN 978-2-07-013073-3. Pp. 206. 17 a. La parution des Révolutions des orbes célestes de Nicolas Copernic en 1543 annonce le début d’une révolution scientifique et ontologique dont les auteurs des récits de voyages célestes du dix-septième siècle se feront les chroniqueurs. Dans son essai, Frédérique Aït-Touati examine l’évolution de l’acceptation de l’héliocentrisme, sa défense et vulgarisation au cours du dix-septième siècle. Le point de départ de cet essai dérive de ce paradoxe fondamental de la nouvelle science: “Comment dire ces nouveaux mondes que l’on découvre sans les atteindre? Comment les rendre visibles, lisibles et compréhensibles?” (25). AïtTouati montre comment, devant l’incapacité de la science à prouver l’héliocentrisme , la fiction va de façon paradoxale pallier cette carence de crédibilité. Les six textes sélectionnés, échelonnés tout au long du dix-septième siècle, sont représentatifs de cette alliance de la fiction et de la nouvelle science. L’étude chronologique permet de suivre non seulement l’acceptation progressive de la théorie copernicienne mais aussi l’évolution de l’héliocentrisme qui se précise au cours du siècle puisque le système copernicien sera perfectionné jusqu’à la révolution newtonienne avec la parution des Principia en 1687. Aït-Touati présente la manière dont les stratégies textuelles de ces divers textes reflètent le contexte de leur création et illustre comment cette époque charnière de découverte scientifique bénéficie comme jamais auparavant, et peut-être depuis, du lien nécessaire qui se tisse entre fiction et science. Le songe (1611) de Johannes Kepler, premier texte à être examiné, “traite d’astronomie lunaire et de défense du système de Copernic” (47) mais c’est aussi un récit fictionnel fantastique. Ici, la fiction est au service de la science. Kepler construit un monde hypothétique, produit d’observations physiques. Tout comme les auteurs qui le suivront peu après, Kepler établit une relation naturelle entre “le Nouveau Monde et l’Autre Monde” (33) en empruntant aux voyages de découverte le cadre narratif et les images mentales. Comme dans les relations des découvreurs, ces ‘voyages célestes’ adoptent la progression du récit de l’exploration avec ses épreuves et déconvenues avant l’issue heureuse de la découverte. Si Kepler se préoccupe essentiellement de convaincre de l’hypothèse copernicienne, les trois auteurs des textes suivants, L’homme dans la lune (1638) de Francis Godwin, Discours sur un nouveau monde (1638) de John Wilkins (1638) et Les états et empires de la lune et du soleil (1657/1662) utilisent la théorie copernicienne à des fins différentes. Chez Cyrano, la défense de la théorie copernicienne servira de point de départ pour exposer sa philosophie libertine et, chez Godwin, le cosmos deviendra le lieu “picaresque” (173) par excellence. Ces auteurs ont en commun cependant d’introduire une nouvelle dimension physique au voyage cosmique en imaginant des machines volantes qui, bien qu’encore THE FRENCH REVIEW, Vol. 86, No. 3, February 2013 Printed in U.S.A. REVIEWS Literary History and Criticism edited by Marion Geiger 560 “fantasmatiques” (100), contribuent à faire entrer cette envolée extra-terrestre dans le domaine matériel du probable. En comparaison, les deux derniers textes étudiés, Entretiens sur la pluralité des mondes (1686) de Fontenelle et Cosmotheoros (1698) de Huygens sont ancrés dans l’abstraction. Les temps ont changé; il ne s’agit plus de défendre l’héliocentrisme, maintenant accepté dans les milieux savants, mais de montrer la possibilité d’une extension du cosmos. Fontenelle entreprend une œuvre de vulgarisation pour un public amateur et cultivé qui devient “spectateur du monde” (118). Le texte de Huygens, comme celui de Fontenelle est “un voyage conjectural” (116). Mais, alors que Fontenelle s’appuie fortement sur l’imagination pour “accéder...

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