In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviews 279 Mukasonga, Scholastique. Notre-Dame du Nil. Paris: Gallimard, 2012. ISBN 9782 -07-013342-0. Pp. 223. 17,90 a. Ce quatrième ouvrage de l’auteur, primé par le Prix Renaudot en 2012, a pour centre un lycée de jeunes filles situé près de l’endroit que l’explorateur BurkhartWaldecker désigna en 1938 comme la source la plus méridionale du Nil au Rwanda. Ce lieu sert de fond culturel au roman car il explique et, à la fois, sert de moteur à l’action. En effet, il symbolise tout un passé historique puisque les Européens relièrent les Égyptiens anciens aux Tutsi d’aujourd’hui. L’idée que ceux-ci descendent de ceuxl à renforça les prétentions des Tutsi au pouvoir et à leur domination des Hutu parce qu’ils se présentèrent pendant des décennies comme héritiers d’une longue lignée de rois au passé glorieux. Prétentions qui irritent toujours les Hutu et qui servirent à justifier leurs discriminations envers les Tutsi dès la fin du colonialisme en 1960. Cellesci se manifestèrent dans tous les aspects de la vie quotidienne jusqu’au point culminant du génocide d’avril 1994 qui fit près d’un million de victimes tutsi. L’histoire devrait se passer en 1970, année de la visite du roi et de la reine de Belgique au Rwanda, mais l’auteure raccourcit la durée pour la faire coïncider avec des événements de sa vie personnelle quand elle se sauva du pays en 1973 parce que tutsi.Elle a pour personnages des Hutu, le groupe majoritaire, et quelques Tutsi, “les deux pour cent légaux”. C’est dire qu’elle contient tous les signes avant-coureurs de la tragédie de 1994, y compris une violence latente qui finira par éclater. La panoplie de personnages est variée: un colon blanc qui essaie de rendre vie à la mythologie égyptienne, une sorcière aux pouvoirs efficaces, un prêtre qui oublie ses vœux de chasteté, une directrice débordée par l’ampleur de ses responsabilités et une jeune fille qui terrorise l’établissement par ses mensonges et par ses discours anti-tutsi. Chaque chapitre raconte un événement en apparence peu important où se mêlent croyances traditionnelles à un catholicisme plus préoccupé des apparences que du salut des âmes. En particulier, celui sur la statue de la Vierge symbolise le besoin de modifier le monde environnant pour le faire correspondre à l’identité que l’on se donne. Bien que s’intéressant plus aux actions, le texte évoque des sentiments comme la jalousie,l’absence de confiance qu’elle provoque, le désir de dominer, d’ordonner, mais aussi une vraie amitié qui dépasse la question de nez: est-il “méditerranéen” comme celui des anciens Égyptiens ou épaté comme celui des Hutu? Écrit en français standard, facile à lire, le roman constitue une sorte de litote parce qu’il décrit une lente évolution vers l’assassinat généralisé. Il place toute la responsabilité de ce drame humain sur les Hutu, mais il ne manque pas d’observer qu’il “y a un monstre qui sommeille en chaque homme” (221). Kansas State University Claire L. Dehon ...

pdf

Share