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Reviews 259 Berest, Anne. Les patriarches. Paris: Grasset, 2012. ISBN 978-2-246-80084-2. Pp. 316. 19 a. Le second roman de Berest explore une nouvelle fois le thème de la filiation. Fille de l’acteur Patrice Maisse, décédé par overdose en 1999, Denise, la jeune héroïne de l’histoire, en proie à un mal de vivre diffus, cherche à éclairer les zones d’ombre entourant l’existence de son père, en particulier quelques mois de l’année 1985 que sa mémoire a complètement occultés.Les deux premiers volets de l’ouvrage relatent sa quête laborieuse, à travers une série de rencontres et d’entretiens avec des individus ayant côtoyé Patrice dans leur jeunesse. Mais les réminiscences abondantes et incomplètes de ses interlocuteurs font surgir de cette époque révolue des épisodes et des personnages troubles qui ne lui apportent aucune réponse. À travers les destins croisés de ces figures énigmatiques, issues du milieu artistique des années soixante-dix et quatre-vingt, l’on sent un certain plaisir de la plume à brosser le tableau d’une jeunesse décadente, dans un style qui, par le goût du détail et du name-dropping, n’est pas sans rappeler celui de Bret Easton Ellis, dans Glamorama (2000) notamment.Au regard de la narration et de l’enquête, cependant, ces deux cents premières pages labyrinthiques paraissent plus arbitraires. Probablement conçues par l’auteure comme des souvenirs-écrans ou des fausses pistes, destinés à renforcer l’opacité du passé et à souligner les difficultés de la jeune enquêteuse, ces multiples évocations qui tournent court ont un caractère gratuit et trompeur qui rend leur lecture fastidieuse. Le dernier tiers de l’ouvrage livre la clé de cette ténébreuse affaire. Encore faut-il franchir de nombreux passages descriptifs, destinés à retarder la terrible révélation finale, et parvenir aux ultimes pages du récit, pour en comprendre les débuts incertains et la lente progression. Revenant à la période que Denise a tenté, en vain, de démêler, ce troisième volet relate, au présent, le sevrage de son père, jeune acteur toxicomane, dans une maison de santé, et débouche sur une scène inattendue qui change drastiquement le cours du roman et le sens du passé. Non seulement le titre de l’ouvrage chancelle, puisque le terme de “patriarches”, où l’on croyait seulement lire une référence à des figures tutélaires, s’investit d’une tout autre signification, mais le texte qui précède prend a posteriori des allures de prétexte. Berest nous conduit en effet, malgré bien des détours, non vers l’élucidation de l’énigme du père, mais vers celle du mal-être de sa fille. Par l’entremise de cette stratégie narrative, la jeune écrivaine a certainement voulu donner une dimension tragique, pour ne pas dire sophocléenne, à l’ouvrage, en mettant en scène une protagoniste qui, croyant sonder les mystères d’un autre, s’avance en aveugle vers son propre secret, même si elle ne survit pas à son entreprise. Toutefois, confronté aux méandres et atermoiements du récit, le lecteur aura davantage le sentiment, par moments, de lire une sorte de roman policier monotone, qui traîne en longueur. Western Washington University Cécile Hanania ...

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