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Ben Jelloun, Tahar. Le bonheur conjugal. Paris: Gallimard, 2012. ISBN 978-2-0701384 -0Pp. 368. 21 a. Pour donner la version d’un homme et d’une femme à l’égard de l’échec de leur mariage et la dérive de leur couple vers la haine et la destruction mutuelle, Ben Jelloun adopte une forme narrative divisée en deux parties inégales. L’intrigue, qui se déroule à Casablanca en 2000, met en scène Foulane,“le peintre”, un artiste célèbre qui, victime d’un accident vasculaire cérébral, se trouve cloué dans un fauteuil roulant. Privé de l’usage de ses mains, il devient dépendant, aidé, dans sa grande et riche maison, par deux infirmiers qu’il baptise “les jumeaux” et Imane, une masseuse, dont il est discrètement amoureux. Sa femme, privée de prénom, désignée par“Elle”, occupe une autre aile de la demeure. Quant à ses amis, ils se sont éloignés et les jaloux se réjouissent de ses malheurs. À travers son journal intime, il narre son passé pour évoquer ses premières expositions à Londres et à travers le monde, les négociations de ses œuvres à des centaines de milliers de dollars, sa vie à Paris marquée par des années de libertinage et surtout sa rencontre en 1986 avec une jeune et belle fille de ClermontFerrand qui deviendra sa femme légitime. Sa famille de la haute bourgeoisie de Fès désapprouve son mariage avec “Elle”, berbère issue d’un milieu ouvrier, émigrée en France. Mais il l’aime si follement qu’il défie son entourage, croyant que leur amour peut transcender toutes leurs différences et leurs barrières sociales. Malheureusement, l’harmonie conjugale ne dure pas. Quatre années, deux maternités successives et les incompréhensions, les conflits et les disputes s’installent, accentuant la dégradation de leurs relations, jusqu’à l’effondrement inévitable de leur mariage. La haine domine et le quotidien devient un enfer qui le pousse à vouloir divorcer. Sa proposition est rejettée par son épouse qui, conseillée par des avocats, entend maintenir le statu quo pour lui soutirer le maximum d’argent. Le récit de la femme s’exprime par un“je”qui apporte un nouvel éclairage sur les difficultés et les contradictions qui ont amené leur mariage à l’impasse. Découvrant le manuscrit de son mari, Amina livre sa version en réponse à “l’homme qui aimait trop les femmes”. Elle se dit être une femme honnête et utilise un ton radicalement différent, enchaînant avec des mots graves et des phrases qui décapent le ressassement de sa solitude, son exclusion, son humiliation, les aigreurs de sa belle-famille, sa haine et ses désirs de vengeance. Sa parole-cri résonne longtemps pour révéler la vie sordide de son couple et de son enfer conjugal.Avec un style simple et fluide, Ben Jelloun aborde un sujet délicat et complexe. Il emporte le lecteur vers la découverte des difficultés de la conjugalité, en traitant les bonheurs et les malheurs du mariage, les problèmes de l’engagement, de la fidélité, les influences des familles et surtout des milieux dans lesquels les individus évoluent. Le bonheur conjugal laisse à penser que cet écrivain prolifique n’a pas fini de surprendre et qu’il a encore de nouveaux territoires à explorer. California State University, Long Beach Najib Redouane 258 FRENCH REVIEW 87.2 ...

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