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SWAMY, VINAI. Interpreting the Republic: Marginalization and Belonging in Contemporary French Novels and Films. Plymouth, UK: Lexington, 2011. ISBN 978-0-7391-6536-2. Pp. 173. $65. Swamy explore à travers la littérature et le cinéma l’ambiguïté des rapports qu’entretiennent la République française et ses minorités culturelles. Le livre privilégie un corpus qui s’interroge sur la façon dont le discours républicain conditionne la construction identitaire des immigrés, des citoyens issus de l’immigration, mais aussi de ceux que l’identité ou les pratiques sexuelles excluent de la normative binarité hétérosexuelle. En analysant ces œuvres, Swamy cherche à déceler les origines des violentes émeutes qui secouèrent les banlieues françaises en 2005 et défend la thèse que celles-ci sont dues à l’inadaptation du modèle laïc au multiculturalisme qui caractérise la France post-coloniale. Le principe d’intégration qui la régit trahit en effet un refus de toute différence qui marginalise aussi bien les minorités ethniques que culturelles, les poussant ainsi à la révolte. Le premier chapitre met d’abord en évidence combien le principe égalitaire et universalisant qui sous-tend le discours républicain affecte ceux qu’il enjoint à s’y conformer. La lecture du Gône du Chaaba et de Béni ou le paradis privé insiste sur les passages qui montrent combien l’immigré et surtout le Français d’origine étrangère (maghrébine, en l’occurence) se voient systématiquement renvoyés à leur altérité, confrontés à la nécessité d’oublier des origines que l’on a tôt fait de leur rappeler avec condescendance. On appréciera le souci qu’accorde Interpreting the Republic à reconnaître à chaque œuvre et aux témoignages qu’elle rapporte sa singularité sans manquer pour autant d’en souligner les limites. L’analyse des récits d’Azouz Begag puis de Yassir Benmiloud (Allah superstar) dans le deuxième chapitre se trouve ainsi recontextualisée dans le troisième, consacré aux œuvres de Farida Belghoul (Georgette!) et Soraya Nini (Ils disent que je suis une beurette…). De fait, la critique de la violence normative qu’impose l’intégration à la française aux jeunes héros issus de l’immigration dans les trois premiers romans se trouve nuancée lorsque Swamy la confronte aux textes de Belghoul et Nini. Car Georgette! et Ils disent… dévoilent le sentiment d’aliénation que peuvent éprouver des jeunes Maghrébines au sein d’une cellule familiale demeurée fortement patriarcale. Sans retirer à Begag et Benmiloud les qualités de leurs romans, Interpreting the Republic révèle la façon dont ils maintiennent sous silence des personnages féminins auxquels Belghoul et Nini redonnent voix. Car loin de n’être infléchie que par l’expérience d’une marginalité raciale, l’interprétation de la République s’avère également affectée par les contingences d’identité et de préférence sexuelles. Les quatrième et cinquième parties du livre s’attachent à explorer la façon dont le cinéma français reproduit ou subvertit les principes hétéronormatifs qui sous-tendent le discours républicain. Hélas, Swamy fait le choix de considérer dans son quatrième chapitre des films déjà largement analysés (Gazon maudit de Josiane Balasko et Ma vie en rose d’Alain Berliner) sans apporter d’éléments fondamentalement nouveaux. Le dernier chapitre, qui traite surtout de Chouchou (Merzak Allouache, 2003) et du Placard (Francis Veber, 2003), examine la façon dont la marginalité ethnique se trouve compliquée lorsque s’y superpose une marginalité liée à l’identité ou aux préférences sexuelles. Si les remarques pertinentes ne manquent pas et bien que Swamy propose dans chacun des chapitres des analyses enthousiasmantes, les spécialistes déploreront de ne pas trouver dans Interpreting the Republic de références théoriques spécifiques au cinéma. Cette lacune est d’autant 816 FRENCH REVIEW 86.4 regrettable que l’apport de la théorie féministe (notamment les travaux de Linda Williams) aurait...

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