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MUNGA, DJO, réal. Viva Riva! Int. Patsha Bay, Manie Malone, Hoji Fortuna. Beta, 2011. Ce premier long métrage de fiction du réalisateur congolais est un film noir, sur un fond de règlement de comptes: après dix ans en Angola, Riva (Pasha Bay) retourne au Congo avec un chargement d’essence volé. Insouciant et rêveur, il a une seule préoccupation, claquer son argent dans les boîtes de nuit et les lupanars , jusqu’au moment où il rencontre Nora (Manie Malone), la fiancée du caïd local qu’il rêve de conquérir. Pendant qu’il a la pègre sur le dos à cause de son idylle avec la jeune femme, César (Hoji Fortuna), son ancien parrain angolais, sème partout la terreur pour retrouver Riva et la cargaison d’essence; s’ensuit alors une véritable course-poursuite à travers la ville de Kinshasa. Le cadre spatial est l’élément fondamental du film. À mesure que l’intrigue progresse, le spectateur réalise que la ville, “l’englobant”, eût dit Deleuze, est le véritable protagoniste du film. Les premières images montrent une vue panoramique de Kinshasa en pleine effervescence et suggèrent automatiquement la pénurie d’essence, notamment grâce à un montage accéléré et alterné de gros plans de stations d’essence, de voitures sans carburant et de liasses de dollars à tout bout de rue. La pénurie d’essence sert à la fois de justification dramatique et de métaphore d’une société en panne. La mise en scène souligne aussi la perte des valeurs sociales. Le réalisateur suggère par exemple le déchirement familial en filmant Riva et ses parents en montage alterné (ils ne figurent ensemble que dans un seul plan du film, dans lequel ils se battent de surcroît). Ce choix esthétique et la récurrence des gros plans illustrant le pouvoir de l’argent mettent en évidence la déliquescence de la société congolaise. Néanmoins, la morale l’emporte à la fin. Le film ne pose aucune problématique sur l’argent et les autres maux de la société congolaise actuelle, que ce soit la corruption, la perte des valeurs familiales, la prostitution et l’homosexualité rampantes, et évite ainsi de faire le procès naïf d’une situation bien plus complexe. La violence est omniprésente, et parfois d’une manière extrêmement comique tant elle est caricaturale et gratuite (une scène surréaliste montre par exemple une policière déguisée en religieuse aidant des suspects). Le réalisateur impose la violence au téléspectateur grâce à un montage qui maintient son attention sur les actions, rendant difficile tout autre plaisir plus esthétique. Munga, dont la filmographie n’était encore constituée que de documentaires, notamment Papy en 2007, State of Minds et Congo in Four Acts en 2010, vient de réussir une nouvelle formule cinématographique avec ce premier film de fiction, qui fera sans doute date dans les annales du cinéma africain. Derrière la conception de Viva Riva!, il y a la volonté de rompre avec l’esthétique ruraliste qui caractérise encore la majorité des productions francophones en Afrique, et dans laquelle les publics africains ne se reconnaissent plus. D’autre part, Munga souhaitait faire un film de genre intégrant les codes du film noir, du polar et de la comédie à travers les décors expressionnistes, la course-poursuite et la caricature des personnages, respectivement. Un concept efficace qui, de l’avis du réalisateur, offre l’avantage d’évoquer des thématiques sociales sérieuses, de divertir le public cinéphile et d’assurer aux films africains une plus grande visibilité, en dehors des espaces réservés dans les festivals aux productions des cinémas mineurs. University of Louisiana, Lafayette Panagnimba Parfait Bonkoungou Reviews 813 ...

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