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Reviews 207 L’ouvrage imposant de Barlet s’adresse sans doute aux connaisseurs mais il profiterait aussi à tout amateur curieux de cinéma. Davidson College (NC) Caroline Beschea-Fache Cavalier, Alain, réal. Pater. Int. Alain Cavalier, Vincent Lindon. Caméra One, 2011. On apprécie mieux un film d’Alain Cavalier lorsqu’on connaît son ludisme et son goût pour les jeux de miroir. Réalisateur d’une vingtaine de films, suivi par un public restreint mais fait de grands adeptes, Cavalier ne voit pas de limite entre le documentaire et la fiction. Il aime aussi se filmer, se faire filmer, quelquefois même en train de filmer ou encore de se filmer. L’acte de filmer, la présence, la centralité de la caméra dans la production de l’image filmée sont au centre de la majorité de ses films. Par exemple, peu après la sortie de Pater, au même moment où il était présenté en sélection spéciale à Cannes 2012, la Cinémathèque française organisait une rétrospective complète (symboliquement intitulée “Conversations avec Alain Cavalier”), à laquelle le réalisateur a assisté dans son intégralité, assis au fond de la salle, regardant donc ses propres films au milieu de son public, qu’il pouvait ainsi observer avant les longues sessions de questions-réponses. Pater met en scène un tel rapprochement, ici entre un réalisateur et un acteur, qui se double d’un rapport—fictif—entre un président de la République et son Premier ministre et, métaphoriquement, de la relation entre un père et un fils. Le tout est filmé avec une petite caméra, sans trépied, sans lumière artificielle,avec bruits de fond naturels et toutes les“imperfections”cinématographiques que l’on identifie au documentaire. Les ficelles du tournage se tissent devant nos yeux: Cavalier et Lindon évoquent même les mouvements de caméra, les costumes choisis, etc. Le sujet du film est pourtant sérieux; y sont discutées des questions politiques et économiques d’actualité lorsque le film a été tourné: échelle des salaires en France (Premier ministre Lindon: “S’il existe une loi imposant des salaires minimum, pourquoi n’y aurait-il pas une loi sur les salaires maximums?”), évasions fiscales (ni celle de Johnny Hallyday ni celle de Gérard Depardieu n’avait eu lieu quand le film a été monté), rapport du pouvoir au peuple (le tournage a eu lieu quelques mois avant les élections présidentielles de 2012), les commerces de proximité menacés par l’invasion incontrôlée des grandes chaînes. Film prémonitoire, comme le dira Lindon dans plusieurs entretiens. Ces questions que leurs personnages posent sont en parfaite adéquation avec l’éthique que le réalisateur et l’acteur expriment dans le film. En alternance, certaines séquences de vie quotidienne deviendront certainement des morceaux d’anthologie: celle, particulièrement drôle, de Lindon, furieux, racontant un conflit avec le propriétaire de son appartement place Saint- Sulpice; la discussion sur les cravates, et surtout les repas collectifs autour du tournage. La cinématographie à la fois précise et ordonnée, faite de longs plans-séquences, de voix off justes et jamais omniscientes, d’observations d’objets (le chat—référence à Chris Marker?—a presque son propre rôle) procure un plaisir visuel incontestable. Du grand cinéma, à petite échelle. Hamilton College (NY) Martine Guyot-Bender Chuat, Stéphanie, et Véronique Reymond, réal. La petite chambre. Int. Michel Bouquet, Florence Loiret Caille, Éric Caravaca. Vega, 2010. Ce premier long métrage de deux jeunes actrices lausannoises est sorti en 2010 en Suisse romande et en 2011 en France. Avant l’apparition très remarquée du film Amour (Haneke, 2012), ces cinéastes avaient, bien que totalement différemment, traité la condition du troisième âge. Apparemment simple, le titre donne une double clé thématique: comment vivre avec la mort? Où est la place, s’il en est une, pour nos aînés? Produit par la célèbre Ruth Waldburger, et salué comme le meilleur...

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