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BILLETER, JEAN. Les anciens dieux blancs de la brousse. Paris: Fayard, 2011. ISBN 978-2213 -66190-2. Pp. 442. 22,90 a. Voici le quatrième roman de ce Suisse installé aujourd’hui en France. Il habita aussi en Afrique. Son séjour dans ce continent l’impressionna au point où il sentit le besoin d’imaginer un roman à partir de sources personnelles, romanesques et historiques (une bibliographie se trouve en fin d’ouvrage). Ici, il évoque d’abord les années 1982–1983, époque de coups d’état avortés, et puis la prise de pouvoir par Thomas Sankara et sa transformation de la Haute-Volta en république “maoïste” du Burkina-Faso. Le texte se termine en 2005 sur les funérailles de Sangoulé Lamizana, le deuxième président du pays qui vécut jusqu’à l’âge de 89 ans malgré les changements souvent sanglants des régimes. Billeter ne se limite pas à cette région, car il rappelle, entre autres, la guerre du Biafra, les problèmes liés à la désertification, le régime de Samuel Doe au Libéria et la violence des premières années de l’indépendance du Congo belge. Le cadre historique lui donne l’occasion de faire des commentaires indirects sur la manière dont les Burkinabè gèrent et dirigent leur pays, sur l’incapacité des pays occidentaux à mener une politique cohérente en Afrique, sur les efforts souvent futiles des personnalités politiques et, en particulier, du corps diplomatique français pour réagir avec dextérité ou opportunisme lors des crises ainsi que sur leurs difficultés à protéger les intérêts et les principes de la métropole. Outre un narrateur omniscient et irrévérencieux, l’auteur utilise plusieurs personnages aussi bien que les voix multiples de la rue. Ezz et Vittorio paraissent ses préférés. Le premier est d’origine belge, mais il n’a jamais vu ce pays puisqu’il naquit au Congo belge. Il gagne sa vie en pilotant un vieil avion dans lequel il transporte toutes sortes de gens et de cargaisons. Le second eut un Italien pour père et une Ivoirienne pour mère. Il conduit un antique camion dans le désert. Pour se protéger, il porte une médaille de la Vierge Marie et des grigris marabout és, symboles de son métissage. Tous deux essaient de mener leurs affaires en dépit de l’univers chaotique qui les entoure. Ils aiment l’alcool et les filles, comme il se doit. Il y a un ambassadeur de France, impeccablement habillé, qui ne peut oublier ni ses origines ni son éducation aristocratiques et qui ne peut vivre à Ouagadougou sans de bons vins venus du pays. Il fallait aussi un planteur, un journaliste, un ancien légionnaire d’origine vietnamienne et quelques belles femmes aux passés équivoques. Ces personnages se racontent et discutent les événements dans les bars ou dans la rue où ils rencontrent les locaux. Ils font partie de la panoplie d’aventureux de tous bords qui appartiennent aux romans sur l’Afrique, mais aussi à sa vie quotidienne. Ils apparaissent et disparaissent sans laisser de traces durables de leurs séjours sur cette terre. Le roman est dédicacé à un certain Clarence, nom qui fait peut-être allusion au Regard du roi par Lay Camara. Ce rapprochement signifierait que l’Européen, fasciné par ce monde si différent du sien, s’y trouve toujours en porte-à-faux. Par ailleurs, le roman aurait pu appartenir au genre exotique parce que l’auteur s’intéresse plus aux personnages blancs qu’aux Africains, mais, à cause de sa manière de traiter l’histoire et d’imiter le parler local, il rapproche son œuvre des romans d’Ahmadou Kourouma en disant comme ce dernier qu’ “écrire c’est mentir” (107). Il n’en a ni l’humour ni l’ironie, mais il fait, à l’occasion, d’excellentes caricatures. Il oppose avec efficacité l’atmosphère pierreuse de ces villes sortant du désert à la luxuriance de la forêt tropicale. Le lecteur y trouvera de belles descriptions du paysage et...

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