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collection—although she does not have the same range of register as Saumont. Colleagues in search of short works for the classroom should find Intimité’s stories accessible but thought-provoking. Lawrence University (WI) Eilene Hoft-March STHERS, AMANDA. Rompre le charme. Paris: Stock, 2012. ISBN 978-2-234-07168-1. Pp. 144. 16,50 a. Ce roman d’inspiration autobiographique, écrit à la première personne, est émotionnellement dur, parfois violent. Amanda, la narratrice, est écrivain et reconstitue à partir de quelques bribes de souvenirs et de mots échappés, afin d’en faire (peut-être) un livre, la mort de son oncle Benoît que la schizophrénie a poussé au suicide, et les conséquences dévastatrices de cette tragédie sur les siens. Benoît s’est tiré une balle dans la tête et ce jour-là “il a flingué toute sa famille” (118), en particulier sa sœur Viviane qui est la mère d’Amanda. C’est à l’imposteur qui a depuis pris la place de Viviane que le roman s’adresse. La narratrice, qui avait six ans au moment du suicide de son oncle, tente de retrouver sa mère et de se débarrasser de l’autre, l’inconnue qui vit sous les traits de Viviane depuis le décès de son frère. Amanda ne veut “plus faire semblant de croire en [s]a fausse maman” (31) et brise le silence maudit qui entoure ce secret de famille en se délestant du poids des mots enfermés. Amanda parle à sa mère de sa mort afin de la ressusciter, et tente de rompre la malédiction. Le titre du roman fait référence à un rite malgache, la terre où Viviane à vécu son enfance. Le famadihana est la cérémonie du retournement des morts: sept ans après le décès, le corps est déterré, ses habits mortuaires changés, puis il est ré-enterré lors d’une grande fête. Cette cérémonie est indispensable afin de de permettre à l’esprit du mort, qui continue jusqu’alors de visiter les siens et surtout leurs rêves, d’enfin reposer en paix. C’est à ce rite que s’adonne Amanda en articulant les silences de sa mémoire. Le livre s’adresse donc aussi à Benoît: “Je déposerai ce livre sur ton ultime demeure. Comme une fin [...] Tu me laisseras ma mère, je la reprendrai dans le monde des vivants. Ne viens plus hanter mes rêves. Va en paix” (142). Mais surtout, si Benoît doit de nouveau mourir, s’il faut prendre le risque de perdre pour de bon sa mère et sa grand-mère, c’est parce qu’Amanda a des enfants et qu’il ne faut pas que “[l]a faute non réparée rebondi[sse] sur les générations qui viennent” (74). Aucun sentiment d’indécence ou de voyeurisme ne se mêle à la lecture de ce récit intimiste. Ceci est en grande partie dû au travail de réflexion sur le rôle de l’écrivain que propose Sthers. La schizophrénie qui a emporté Benoît se retrouve sous une autre forme chez Amanda, tiraillée entre les responsabilités qui accompagnent son identité d’écrivain et celle de fille devenue mère. Si le rôle maternel prédomine, il n’est finalement réalisable qu’à travers la littérature et ses possibilités. Influencée par la culture malgache, la narratrice explique que les écrivains sont les sorciers des sociétés occidentales, ceux qui doivent lever et rompre les charmes afin de protéger les leurs: “C’est ça devenir écrivain: apprendre à écrire le silence et laisser le bruit de la vie des gens entrer dedans” (47). Sthers écrit le silence et laisse les souffrances de ceux écrasés par les non-dits pénétrer son œuvre. Nous sommes tous prisonniers des mots, et l’écrivain est celui qui les libère et éclaircit la vie. C’est donc aussi à tous ceux captifs et Reviews 1303 accablés par les silences qui ne sont que des...

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