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Reviews 283 Comment écrire sur la Shoah quand on a grandi dans l’atmosphère privilégiée racontée dans Val de Grâce (FR 83.3), qu’on affectionne les bains dans la Méditerranée, qu’on vit dans le seizième arrondissement de Paris? C’est pourtant ce qu’accomplit Colombe Schneck dans La réparation, roman vrai, recherche d’un passé perdu dans la nuit nazie et les brouillards de la Lituanie. Tout serait parti d’une phrase anodine de sa mère, Hélène, alors que Schneck attend son premier enfant: “Si tu as une fille, tu pourrais lui donner en deuxième prénom Salomé? C’était celui de ma cousine dont il ne reste rien”(11). Schneck nommera son deuxième enfant Salomé, nom-réparation; elle surnomme son fils Bubbi, comme Kalman le cousin dont il ne reste rien non plus. Les deux enfants sont morts gazés, avec leur grand-mère Mary. L’histoire débute en Lituanie où sont nés la grand-mère Ginda et ses sœurs Raya et Macha. Malgré les invasions, les pogroms au dix-neuvième siècle, la vie y est “bonne”, l’antisémitisme “discret” (24). En août 1941, la famille (sauf Ginda, installée en France) déménage dans le ghetto de Kovno (Kaunas), échappe à une première Aktion en 1941 où 9200 Juifs sont fusillés. En octobre 1943, Salomé et Kalman sont envoyés à Auschwitz avec leur aïeule. La fin de la guerre trouvera Raya et Macha veuves, sans enfant, à Munich où Ginda va les voir et apprend tout. Brisée, elle ne dira rien. C’est entre ce tout et ce rien que se situe le texte de Schneck—“Il n’y a pas de transmission aux enfants et aux petits-enfants” (26)—sur qui pèse “le silence des survivants” (42). En renonçant “en partie, à la vie et à l’amour”(209), Ginda et Hélène ont fait le choix inverse de Raya et Macha qui se sont remariées, ont porté d’autres enfants,se sont construit une nouvelle vie en Israël, elles qui avaient choisi de vivre en laissant leurs enfants suivre l’aïeule lors de la sélection. À force d’échanges (avec un oncle, des cousins, une grand-tante), de voyages (aux États-Unis, en Israël et Lituanie), de lectures (Grossman, Semprun, etc.), de recherches sur Internet, Schneck fait le jour sur la vie et la mort de Salomé “enfin devenue pour moi une absente”(212). Son nom désormais sur le registre du musée du Neuvième Fort à Kovno, “il reste quelque chose d’[elle] en Lituanie” (195); pas tout, mais pas rien non plus. Par ce livre, Schneck répare ainsi l’histoire familiale, une réparation bien différente de celles, financières, reçues par Ginda puis Schneck (pour indemniser son grand-père médecin interdit d’exercer). Même s’il pèche par des passages où Schneck imagine les réactions, désirs, pensées des siens et bien qu’il n’ait pas la puissance d’un texte comme Les disparus de Daniel Mendelsohn, ce livre apporte une contribution intéressante à la littérature de la Shoah. Eastern Connecticut State University Michèle Bacholle-Bošković Taïa, Abdellah. Infidèles. Paris: Seuil, 2012. ISBN 978-2-02-108468-9. Pp. 188. 16,50 a. Self-exiled to Paris in 1998, Moroccan author Abdellah Taïa offers readers his most eerily beautiful, poetic, and transgressive work to date. On the one hand, Infidèles is an excoriating criticism of Morocco’s sexist, homophobic, terroristic social order; on the other, it is Taïa’s Ode to an Arab Spring. Surprising, shocking, upsetting, but also humorous, Infidèles tells the story of Jallal (10 years old when the novel opens) and his prostitute mother Slima as they struggle to survive in 1980s Morocco during the “années de plomb” under the reign of Hassan II. When Slima, whose clients include military, political, and religious figures, is arrested so she can be interrogated for information at the...

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