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Reviews 281 Saint-Hamont, Daniel. Et le sirocco emportera nos larmes. Paris: Grasset, 2012. ISBN 978-2-246-79804-0. Pp. 323. 20 a. Un demi-siècle après l’indépendance de l’Algérie, il est encore question de cet innommable “ailleurs”, sourde et lancinante rumination de ceux que l’on a désignés sous le nom improbable de “rapatriés d’Algérie”. Saint-Hamont renoue dans ce texte avec les personnages de son premier roman Le coup de sirocco (1978), faisant cette foisci le chemin inverse du retour au pays natal. Du“nulli concedo”à l’endroit de tous les protagonistes (juifs, musulmans et chrétiens) et d’un vœu de réconciliation, ne semble surnager que la trame d’un sous-texte idéologique dont la volonté de discréditer la société algérienne dans ses fondements n’a d’égale que la métaphore filée sur la grandeur (supposée) de ce pays sous le règne français. Le narrateur intra-diégétique s’indigne des arbres “plus jamais taillés depuis 1962” (54). Chacun peut apprécier l’assourdissant silence qui entoure la question de l’expropriation de ces terres “jalousement” (53) protégées par les colons. Quant à l’incurable “oisiveté” du peuple algérien, c’est là une thèse chère aux orientalistes puis à leurs successeurs colonialistes qui voyaient la rationalité industrieuse de l’Européen inversement proportionnelle à la paresse légendaire de l’Oriental. L’un des personnages emblématiques de cette saga pied-noir, Paul Labrouche, de s’écrier: “Ils aimaient travailler la terre! En tout cas quand on était là!”(54). Ou encore cette remarque sur les cimetières européens laissés à l’abandon dénotant “des mœurs de sauvages” (118). Le couplet sur le sauvage et le civilisé semble indémodable. Ainsi demeure “la certitude que, quoi qu’il arrive, il y aurait toujours quelqu’un en-dessous de nous: l’Arabe!” (126). Or de telles positions, distillées à l’économie, ne pèsent pas bien lourd face à la redoutable machinerie narrative qui consiste à faire entendre une petite musique, véritable antienne de dénigrement systématique de l’Algérie actuelle. La figure centrale du roman,“Ravaillac 29”(24), n’a ni cherché à adopter ces mises au point historiques laissées dans la bouche de personnages évanescents ni à assumer les paroles d’un illuminé de l’OAS:“Dès 1954, on aurait dû les taper” (128). Mais le cynisme de la manœuvre apparaît sous le mode de la culpabilisation de leurs “hôtes” algériens. Kader, un guide, se croit constamment obligé de s’auto-flageller pour agréer cette société de septuagénaires soudain revêtus du costume colonial.Tout ce qui va de travers est de la faute“de l’abruti de Boumédiène” (55). Que penser de ce jeune dans la bouche duquel sont mis des propos incongrus: “L’Algérie, c’était mieux à votre époque!”(39)? En somme, de réconciliation promise, il n’en reste que le vœu pieux tant la théorie de l’Autre et du Même a prévalu tout au long de ce séjour. Pas un seul échange, pas une véritable rencontre avec les Algériens d’aujourd’hui ne semblaient avoir été dans les intentions de ce collectif “Algérie française” venu dialoguer avec des façades de maisons, des noms de rues européens depuis longtemps effacés des plaques signalétiques, et avec des cimetières plutôt que des êtres vivants. Malgré cette collision inouïe entre passé et présent, c’est là l’énième récit d’une plaie qui mettra longtemps à se cicatriser. University of Missouri, Kansas City Nacer Khelouz ...

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