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Djian, Philippe. “Oh...”. Paris: Gallimard, 2012. ISBN 978-2-07-012214-1. Pp. 237. 18,50 a. L’apparent laconisme du titre convient parfaitement, car il exprime une sorte de surprise, tout en soulignant aussi le profond dégoût, et même parfois la froide indifférence des personnages de cette atroce comédie pour le moins incongrue. Dans les trente premières pages du livre, Michèle, personnage-clé, révèle presque contre son gré qu’elle a été violée et au lieu d’alerter les autorités compétentes, elle s’applique à effacer une à une les traces du crime. Divorcée depuis trois ans, Michèle se complaît depuis des années dans les bras de Robert, le mari de sa meilleure amie Anna. Quand son agresseur lui fait parvenir des messages qui seraient tout à fait terrifiants pour le commun des mortels, elle ne semble pas s’inquiéter. Certes, elle décide de faire installer un système d’alarme et elle commence même à se confier, mais avec hésitation seulement, par bribes. Un jour, elle fait la connaissance de Patrick, le nouveau voisin d’en face avec lequel elle entretient d’ailleurs une relation. Patrick est gentil, prévenant et il saura convaincre Michèle de se donner à lui, le mot n’est pas trop fort. S’il va laisser certains lecteurs complètement incrédules, on peut gager aussi que ce livre va en intoxiquer d’autres, en dépit de son monstrueux magma de sensations, de surprises et de malheurs. Michèle, sa famille et ses amis terminent l’année sur une note sombre faite de chair, de sang et de sexe. On s’en veut presque de ne pas être étonné des outrances d’un personnage pour le moins compliqué et façonné par un auteur qui se coule tout naturellement dans la peau d’une femme narratrice pour nous montrer combien le bonheur et l’horreur sont aléatoires. Par exemple, on apprend que le père de Michèle est en prison pour avoir assassiné plus de soixante-dix enfants dans un camp de vacances. Tout à coup, dans une sorte de lugubre alchimie des mots et des émotions, un viol perd de son impact tragique. En fait, il se retrouve relégué au rôle de filigrane, une sorte de toile de fond de l’intrigue. Loin de vouloir faire de sa narratrice la figure de proue de l’agression sexuelle, Philippe Djian signe un roman tragique et suspect, mais, un peu à l’image de l’héroïne, le lecteur se surprend à en redemander.Au milieu de protagonistes masculins particulièrement veules, capricieux ou essentiellement médiocres, le personnage de Michèle retient l’attention du lecteur. Tout comme semble le faire l’auteur lui-même, on lui pardonnerait presque les jeux pervers auxquels elle se livre. C’est elle qui a le“oh de la fin”, dans ce silence grisant qui, si on se trouvait au théâtre, précèderait de peu les applaudissements. En fin de compte, ce qui importe dans ce roman,ce sont tous les non-dits,les silences prégnants,de même que les infinis méandres langagiers et stylistiques dans lesquels Djian mène son lecteur d’une plume de maître. Western Kentucky University Karin Egloff 270 FRENCH REVIEW 87.1 ...

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