In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviews 257 Alexakis, Vassilis. L’enfant grec. Paris: Stock, 2012. ISBN 978-2-234-06474-4. Pp. 316. 20 a. Un habitué des prix littéraires—dont le Médicis (1995) et le Grand Prix de l’Académie française (2007)—Alexakis vient de recevoir le Prix de la Langue française attribué à une personnalité ayant contribué à illustrer la qualité et la beauté de la langue française. Bel honneur, surtout lorsqu’il récompense un auteur d’origine étrangère! L’enfant grec est un merveilleux prototype de mise en abyme. En effet, son narrateur qui parle à la première personne est un homme âgé, grec d’origine, momentanément handicapé, qui est en train d’écrire le roman que nous lisons. Les éléments autobiographiques sont évidents, mais la force d’Alexakis est de nous entraîner dans un fabuleux roman où l’imaginaire côtoie le quotidien pour constituer deux univers peuplés de personnages peu communs. Suite à un anévrysme à la jambe survenu pendant un déplacement à Aix-en-Provence, cet homme se retrouve dans la position d’un enfant que ses fils prennent en main. Il évoque brièvement son séjour à l’hôpital et quelques-unes des rencontres qu’il y a faites.Ainsi, celle de Jean-Claude, un aide-soignant qui a inventé une forme d’art dans laquelle il expose de la lessive qui sèche, accordant une grande attention à la composition de ses tableaux. Mais le lieu principal du roman est le jardin du Luxembourg auprès duquel le narrateur s’est installé dans un hôtel, son appartement sans ascenseur lui étant inaccessible. Dans ce jardin, il croise journellement tous les héros littéraires qui ont peuplé ses lectures d’enfance: Jean Valjean et Cosette, le comte de Monte-Cristo, d’Artagnan, Don Quichotte, Long John Silver, Tarzan, Zorro et bien d’autres. Il y fait aussi d’étranges rencontres de personnages bien réels: Marie-Paule, la “dame-pipi” des toilettes du jardin, Odile et Georgette, deux sœurs qui possèdent un théâtre de marionnettes dans le parc, M. Jean, un ancien bibliothécaire du Sénat qui nous entraîne dans la visite du palais du Luxembourg (construit sur ordre de Marie de Médicis), Ricardo, un SDF, ainsi que Constantin, un poète grec sans talent, pour n’en citer que quelques exemples. Tous ces personnages hauts en couleur fascinent le narrateur qui se promet de les faire figurer dans son roman. Parallèlement à cet univers fantasque, Alexakis évoque aussi assez longuement son pays natal, la Grèce, et sa grave crise économique. Aujourd’hui, l’état des finances du pays serait aussi désastreux qu’il le fut après la Seconde Guerre mondiale, lorsque tant de Grecs se sont exilés en Amérique ou en Australie. Il est clair qu’Alexakis déplore les événements qui troublent son pays et entraînent une considérable augmentation des suicides au sein d’une population humiliée par l’indigence. À la fin de cette incursion dans la crise économique, le narrateur évoque le soulèvement national du pays au dix-neuvième siècle, mis à l’honneur par Victor Hugo dans son poème L’enfant grec, qui a sans doute donné son titre à ce roman dont la lecture est un véritable régal! University of Wisconsin, Eau Claire Dominique S. Thévenin ...

pdf

Share