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Fargettas, les conditions souvent chaotiques des démobilisations (résultant en partie de l’insuffisance des moyens de transport), ainsi que le fait que de nombreux tirailleurs souhaitaient rester en métropole, ce qui leur fut le plus souvent refusé, ont contribué à des révoltes et des mutineries, en métropole comme dans les colonies. En effet, les soldats africains ayant combattu pour la France, mais qui n’étaient pas traités à égalité avec les soldats français, se sentaient à juste titre lésés après leur service militaire. Bien que Fargettas ne s’attarde pas sur ce sujet (il rappelle cependant qu’au moment de l’indépendance, plusieurs dirigeants africains étaient issus du corps des tirailleurs), il est clair que la prise de conscience des soldats africains après la libération de la métropole a contribué aux poussées indépendantistes dans les colonies. Fargettas consacre quelques pages à la tragédie du camp de Thiaroye, ‘lieu de mémoire’ sénégalais que le film d’Ousmane Sembène (1988) a rendu célèbre. Dans l’ensemble, l’étude qu’a menée Fargettas illustre l’ambiguïté du rôle historique des tirailleurs, qui ont contribué à la libération de la France comme au maintien de son empire colonial: “le tirailleur est certes une victime du système colonial, mais il est également l’un de ses agents” (309). Western Washington University Edward Ousselin Fauchereau, Serge. Le cubisme: une révolution esthétique, sa naissance et son rayonnement. Paris: Flammarion, 2012. ISBN 978-2-081-27990-2. Pp. 254. $45. Après un beau livre sur les avant-gardes (FR 85.2), Fauchereau propose ici l’étude intégrale du cubisme. En l’absence d’un manifeste endossé par des chefs de file nond éclarés, celui-ci demeure toujours mal éclairci quant à son hermétisme, son impact sur l’art moderne et ses applications mésestimées à d’autres arts. Ses quinze chapitres repensent ces difficultés. Les commentaires sont illustrés de 213 figures, la majorité en couleurs et pleines pages. Les trois premiers chapitres montrent la naissance du mouvement, avec l’esprit particulier qui le fonde, les précurseurs qui l’ont influencé, et ce qui est ressorti du cubisme. Selon Juan Gris, il “doit avoir forcément une corrélation avec toutes les manifestations de la pensée contemporaine” (19). Les trois chapitres suivants traitent son esthétique “janséniste”, avec les aspects du statisme, du réel et de l’abstrait. Mais on y rappelle aussi les poncifs du spiritisme et de la géométrie non-euclidienne prétendument à l’origine. Quant à l’intervention de l’art primitif, au début, c’est encore Gris qui en souligne l’essence:“Les sculpteurs nègres nous donnent une preuve flagrante d’un art anti-idéaliste” (79). Viennent ensuite deux aspects inscrits dans la sphère du social: le sport, le cirque, le cinéma et les spectacles par lesquels Léger, Cendrars et Apollinaire sont séduits, ainsi que la modernité de la ville. L’attrait des machines est invoqué dans les compositions musicales d’Antheil, Honegger et Varèse, hors de l’espace pictural. Quatre nouveaux chapitres abordent les 250 FRENCH REVIEW 87.1 Reviews 251 recherches techniques et la conjonction des autres arts. Collages et simultanéisme redonnent aux peintres la préséance esthétique et révolutionnaire. La poésie plastique trouve également sa juste place, et l’humour (ou dérision) montre un cubisme plus moqueur que cérébral par les calembours et décrochements de mots à rapprocher des collages. La dernière partie est assurément originale et nécessaire. Elle parcourt les héritages du mouvement dans la vieille Europe et sur les continents américains. Après la guerre 14–18 le cubisme produit toujours des œuvres mais il n’invente plus. C’est l’époque des suiveurs, et “leur nombre grandissant n’est pas pour peu dans le revirement auquel on assiste chez les premiers cubistes”(180). Ce sera le purisme puis l’esprit nouveau qui ont, pour Fauchereau, mieux que dada ou le surréalisme, prolong...

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