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Leclair, Bertrand. Malentendus. Arles: Actes Sud, 2013. ISBN 978-2-330-01415-5. Pp. 160. 21 a. Ce livre qui se dit roman est aussi un plaidoyer pour une approche ouverte de l’éducation des enfants sourds. Le narrateur y devient par moment, lui-même, personnage de l’histoire, s’appliquant à faire ressortir les difficultés rencontrées par l’enfant atteint de surdité. Le récit est basé sur la triste enfance de Julien Laporte qui, éduqué par la méthode orale, se sent profondément aliéné du reste du monde. Julien était le troisième enfant d’une famille aimante et comblée. La vie était un rêve pour Yves Laporte et son épouse, Marie-Claude, jusqu’au moment où ils se sont aperçus que leur bébé, âgé d’un an à peine, était sourd. Yves Laporte, propriétaire d’une imprimerie prospère, arrivé à la réussite par son intelligence, sa volonté et son travail, entendait triompher de tous les obstacles. Dès la découverte de l’infirmité de Julien, il s’attelle, avec un zèle incomparable, à la tâche de trouver remède à la surdité de son fils. En 1960, quand l’histoire commence, les théories d’Alexandre Graham Bell et les conclusions du Congrès de Milan de 1880 sur la surdité, recommandant exclusivement la méthode orale pour l’éducation des enfants sourds, prévalent toujours. Convaincu d’agir pour le bien de son fils, Yves Laporte exige donc qu’il soit éduqué uniquement par la méthode orale. Julien a une enfance étriquée et ne s’épanouit que devenu adulte, après s’être enfui de sa famille et s’être établi à Paris où il rencontre un groupe de jeunes sourds avec qui il apprend à communiquer par signes. Il parvient ainsi à s’engager dans une vie intellectuelle enrichissante.Après sa fuite, Julien finit par couper complètement les ponts avec sa famille.Vingt ans plus tard, l’adolescent qui s’était cru voué à une existence solitaire dans un poste subalterne, est devenu un père de famille heureux et un intellectuel sûr de lui, persuadé, lui aussi, de la supériorité des théories qu’il a adoptées. Quand finalement il reprend contact avec son frère et sa sœur pour partager l’héritage de ses parents morts sans jamais les revoir, la réunion s’avère houleuse. Du côté des hommes surtout, l’incompréhension mutuelle est totale. Julien s’entête à ne voir que le point de vue des sourds, alors que Xavier, son frère, ne peut lui pardonner d’avoir renié sa famille. À la fin du roman, la réalité semble dépasser la fiction. Le narrateur, entré en relations avec Julien dont il veut écrire l’ascension vers la réussite, se voit violemment rebuté quand Julien apprend que ce narrateur est luim ême père d’un enfant sourd. Ici, le lecteur reçoit une leçon de réel plutôt inattendue, où le narrateur décrit son activité dans “l’International Visual Theater” (IVT) et ses rapports décontractés avec sa propre fille sourde. Ce roman gagnerait à n’être qu’une œuvre littéraire. Les intrusions du narrateur dans lesquelles on ne peut s’empêcher de reconnaître l’auteur, lui aussi père d’une jeune sourde, rendent le récit laborieux. On souhaiterait que Leclair ait écrit un roman ou l’historique de la surdité sans mélanger les deux. University of North Carolina, Charlotte Marie-Thérèse Noiset 210 FRENCH REVIEW 87.3 ...

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