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Comme Francesca, il est marginalisé par sa société. Certes il ne risque pas le sort des juifs européens, mais il n’en demeure pas moins persécuté par ses camarades de classe, dédaigné par les habitants de Morges, ridiculisé par la méchanceté ambiante. Sa réussite exceptionnelle à ferrer l’énorme poisson combatif le réhabilitera aux yeux des villageois. Victorieux dans sa poursuite du grand brochet, le jeune homme le remet à l’eau pareillement à l’écrivain qui une fois le récit terminé le laisse se disséminer pour s’embarquer dans une autre quête scripturale. Fairfield University (CT) Marie-Agnès Sourieau Cohen, Michaël. Un livre. Paris: Julliard, 2013. ISBN 978-2-260-02018-9. Pp. 182. 18 a. Après Ça commence par la fin (2007), Cohen continue d’explorer le thème de la passion amoureuse, cette fois par l’intermédiaire d’une réflexion sur l’autofiction. Thomas Milho, le narrateur, mène une vie qu’il n’aime pas et qui en retour“ne semble pas [l]’apprécier énormément” (7). Il vient de perdre son travail et surtout peine à se reconstruire émotionnellement suite à sa rupture avec Marianne. Alors que Thomas entame une nouvelle journée angoissante dont la seule occupation sera de tenter de “faire le vide complet”(14) dans sa tête, il découvre que Marianne vient de publier un roman autofictionnel, Analepse, basé sur leur histoire d’amour révolue. Pendant quelques heures, Thomas sillonne la ville à la recherche d’un endroit neutre afin de s’atteler à la lecture pénible d’un roman dans lequel l’intimité du couple est, page après page, mise en scène par Marianne. Un livre est ainsi constitué des pensées articulées par Thomas au fur et à mesure de sa lecture du texte de son ancienne compagne, dont de nombreux extraits sont reproduits dans le récit. Le lecteur accède donc au roman de la jeune femme en même temps que le narrateur. Cohen parodie de manière réussie l’autofiction par l’intermédiaire d’Analepse qui reprend tous les clichés d’un genre épuisé par“[c]eux qui racontent leur vie et celle des autres dans des ouvrages brochés” (148). Un livre semble donc dénoncer la surenchère voyeuriste et inintéressante à laquelle se prêtent certains écrivains souscrivant à un genre par ailleurs productif lorsque l’écriture du soi recherche aussi celle des autres. Surtout, Cohen adopte la perspective d’une de ces personnes dont la vie privée est abruptement et irrémédiablement exhibée. Thomas incarne ces héros involontaires et rappelle les enjeux légaux et moraux que leur position suscite: “N’y-a-t-il pas de lois pour nous protéger? Nous, pauvres citoyens incapables d’écrire une ligne, mais qui pour autant n’avons nulle envie d’être des bêtes de foire. Des bovins qu’on expose” (67). Malheureusement, la caractérisation de Thomas tourne également vite à la parodie, cette fois involontaire. Le romantisme et l’humour amer dont fait preuve le narrateur en réponse à sa situation et au cynisme qui l’envahit ne parviennent pas à exacerber sa sensibilité et ne font que renforcer l’aspect caricatural de sa douleur et de son impuissance. Le 196 FRENCH REVIEW 87.3 Reviews 197 manque de profondeur et de crédibilité du personnage de Thomas empêche ainsi Cohen d’explorer de manière convaincante le deuil amoureux du narrateur.Néanmoins, si Un livre n’est peut-être pas à la hauteur de ses ambitions notamment concernant la représentation du désespoir inhérent à la passion amoureuse, la perspective choisie par Cohen pour sa réflexion sur l’autofiction—celle des conséquences sur l’entourage concerné et son droit de véto/réponse—est intéressante et mérite d’être approfondie. Villanova University (PA) Étienne Achille Confiant, Raphaël. Les Saint-Aubert: l’en-allée du siècle (1900–1920). Paris: Écriture, 2012. ISBN 978-2-35-905076-9. Pp. 280. 20,99 a. Confiant, créoliste et recréateur de la Martinique d...

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