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Reviews 273 Sewtohul, Amal. Made in Mauritius. Paris: Gallimard, 2012. ISBN 978-02-07013724 -4. Pp. 307. 22 a. Ce troisième roman de l’écrivain mauricien Amal Sewtohul commence par ce propos sans illusion:“Laval n’avait jamais été sûr de rien” (1). Ce qui est sûr, c’est que Laval est un raconteur né, les mots coulent de sa bouche“en cascade”(136) pour faire le récit de son enfance que chevauche celui de la quête de son ami Feisal, quarante ans plus tard. Tels Huckleberry Finn et Jim descendant le Mississippi sur leur radeau, Laval et Feysal s’embarquent pour un long voyage initiatique de Maurice à l’Australie, accompagnant leur périple d’une réflexion quelque peu désabusée. Laval retrace à travers l’histoire des émigrés chinois, celle de son père arrivé à Maurice avec un conteneur de marchandises où commencera sa propre existence: “c’est là que je fus conçu” (29), dans le Chinatown de Port-Louis. Selon Sewtohul, ce conteneur est une matrice, un lieu clos, un radeau, une île, synecdoque parfaite de Maurice. La “boîte” changera maintes fois de couleur et de fonction au cours du roman mais ne perdra jamais de son importance. Au “dehors” (72) Laval rencontre deux enfants indiens, Feisal et Ayesha, recomposant à eux trois la population mauricienne, quolibets inclus: “les Chinois, ils bouffent des chiens” dit Feysal—“les Lascars ont la bite coupée” répond Laval (57). Cette amitié improbable les amènera à explorer, eux qui ne sont jamais sortis de Port-Louis, les villes aux noms magiques,Vacoas, Curepipe, Belle Mare et des lieux fascinants: “Le Corps de Garde, comme une grosse bête allongée sur son ventre” (156). Au gré du récit, l’histoire de Maurice émerge aussi, comme un courant puissant sur lequel le conteneur est porté,présent même à la déclaration d’indépendance, où, dans une scène sortie tout droit du réel merveilleux, c’est d’un poteau fixé dans un trou du conteneur que le drapeau mauricien s’élève.Témoins de ce moment historique, les enfants comprennent que lorsque “l’indépendance arriverait, elle émanerait de ce poteau magique et forcément, tout changerait alors”(125). Tout change en effet quand les deux adolescents tombent amoureux d’Ayesha: “Je l’aime—Non, c’est moi qui l’aime” (218) et lorsque Laval découvre sa vocation d’artiste, confectionnant dans sa “boîte”une extraordinaire installation faite d’une multitude d’objets hétéroclites (223) qu’il nomme Made in Mauritius (226). Du microcosme de la petite île à l’île-continent, Laval finit sa quête sur les routes d’Australie, suivant, pourrait-on dire, les pointillés du Dreamtime des Aborigènes, dans une randonnée fantastique. Traquant la piste de Feisal, Laval le retrouve finalement dans son propre conteneur: “‘Eh bien, entre donc. Fais comme chez toi’dit Feisal”(277). Fable sur le temps, quête du sens de la vie, à la fin de cette aventure picaresque, le fatalisme d’Huck Finn resurgit par la bouche de Feisal (parlant de Laval): “C’est bizarre tout de même, au fond, ce type, je ne l’ai jamais vraiment connu”(307). Le roman est passionnant de bout en bout, offrant une fascinante introduction à l’île Maurice et inaugurant un style nouveau, ludique et profond à la fois. Earlham College (IN) Annie Bandy ...

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