In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

années se sont écoulées à l’issue desquelles Rachid O. remet sur le métier le même ouvrage; ronge le même os depuis L’enfant ébloui (son premier roman sorti en 1995 et qu’il cite abondamment ici) avec à chaque fois le même vertige obsessionnel de remplir une page blanche comme on remplirait sa propre vie. L’écriture serait ainsi “une assurance contre le vide”(52). Elle agence le monde intérieur pris dans son chaos originel:“Je suis mal de ne pas arriver à écrire”(35).Ainsi à l’exclamation mallarméenne que“le monde est fait pour aboutir à un beau livre”répond l’auteur d’Analphabètes par “ce qui m’importait et me réjouissait, c’était d’écrire à la première personne” (37). Mais écrire “sur moi sinon pas la peine” (118) préfigure une trame narrative dont le fil conducteur est condamné soit à effectuer d’incessants retours en arrière, au mieux, ou à tenter de provoquer l’événement comme“sous la dictée”(67), puis à le détourner au seul profit de l’écrivain qui “travaille avec tout et rien” (52). La singularité de ce texte ne tient pas tant à l’interrogation lancinante du sujet écrivant sur les aléas de l’état d’écrivain qu’à son étrange proximité avec le héros d’Alfred de Musset dans Confession d’un enfant du siècle. L’un et l’autre tentent de rendre compte des conditions sociopolitiques et morales qui s’opposent à leur émancipation. Pour Musset, la jeunesse postnapoléonienne se déprave faute de projet de vie quand pour Rachid O. c’est le rejet viscéral de l’homosexualité au Maroc qui, inversement, nourrit la mise à nue d’une appétence homosexuelle assumée sous toutes ses latitudes, y compris dans l’usage de mots crus, volontairement provocateurs. Il craint par exemple que dans un proche avenir les islamistes ne s’écrient “Mort aux tapettes marocaines et dehors les tapettes étrangères” (34). Écrire alors devient à la fois le lieu confessionnel (coming out) par excellence et celui d’un acte quasi insurrectionnel. Écrire, c’est sans cesse recommencer. Il fallait accepter d’être soi-même aphasique—“je bafouille” (19)—et que les mots ne puissent jamais sortir à l’enfilade mais dans le douloureux accouchement propre à tout analphabète. Si bien qu’en écrivant un roman sur l’incapacité à écrire, propre à tout analphabète, demeure encore et toujours en filigrane la page blanche du déni d’homosexualité, cette abjection suprême en terre d’islam. Rachid O. se joue admirablement de l’interdit, jusqu’à l’indécence des mots—fussent-ils d’une langue étrangère—seuls passibles de cet autodafé perpétré par tous ceux qui ont “l’analphabétisme des sentiments” (117), comme lieu à la fois du supplice et de la renaissance. Et si l’auteur suivait le conseil du père pour “écrire sur eux” (17), en somme sur les autres? University of Missouri, Kansas City Nacer Khelouz Quint, Michel. En dépit des étoiles. Paris: Héloïse d’Ormesson, 2013. ISBN 978-235087 -209-4. Pp. 280. 19 a. Inspired by a series of news items describing the discovery of four young bodies floating in the Deûle river in the region of Lille from November 2010 to September 266 FRENCH REVIEW 87.4 Reviews 267 2011, and subsequent similar deaths in France, detective novelist Michel Quint’s fiction reflects on these tragedies in order to explore causes and consequences of violent death. At the center of this roman noir is the mysterious drowning in the Deûle of Sébastien Arnoux, a young star of the Lille soccer team. When Jules Gileron, who does odd jobs for his uncle’s real estate agency, befriends Sébastien’s sister, he enlists the help of his own family to retrace the young man’s last hours and find an explanation for his death. Jules’s informal investigation introduces the readers to a number of peculiar inhabitants. Officer Baraoui the left-wing Muslim, Christine the Andromachian barmaid, Stanislas the second-hand jeweler, Rita Hayworth wannabe Gilda and former javelin thrower Astrid, co-owners of a...

pdf

Share