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Reviews 261 [s]a vie en perdant la sienne”(38),l’entraîne dans une déambulation solitaire dans Paris. Sa nuit d’errance, rythmée par le fracas de l’orage et le battement de la pluie, se déroule au gré d’une méditation intime, adressée in petto à celui qui l’attend en vain dans une chambre de fortune. Incapable de lui expliquer de vive voix les raisons de son absence, elle lui destine en pensée le récit de sa dérive nocturne, qui prend l’ampleur d’une crise existentielle et d’un bilan doux-amer de leur relation. Tout en imaginant les réactions de son amant délaissé, elle se plonge dans une exploration du passé où s’enchevêtrent des bribes de son enfance et de sa jeunesse, des évocations de voyages et de nombreux souvenirs de photographies. Ses réminiscences font contrepoint au geste fatal du vieil homme qu’elle n’a pas su deviner ni empêcher. Comme si l’examen minutieux de ces instantanés lui permettait d’apaiser le vertige que cette rencontre fortuite, aussi éphémère que violente, a provoqué. Évoluant par anamnèses et par prolepses, impuissant à formuler une expérience traumatisante, le texte est une réflexion sur la perte, l’opacité du présent et le sens de la vie. Mais sous l’émoi causé par cet épisode dramatique se dessine aussi, à mots feutrés, l’histoire d’un amour sur le déclin. L’introspection de la jeune femme est un cheminement psychologique qui altère ses sentiments pour son amant et ses perspectives sur leur couple. Dans ce récit où rien n’arrive,hormis l’accident inaugural évoqué en quelques lignes,les retrouvailles avortées des deux “protagonistes” bouleversent leur liaison sans qu’une parole entre eux ne soit prononcée, sinon le message que la narratrice laisse, in fine, sur la boîte vocale de son compagnon. Évoquant un désir de changement et s’achevant par une énigmatique injonction—“Écoute la pluie”—on ne sait s’il entérine leur séparation ou les invite à un nouveau départ. Ouvert, littéralement, par une chute qui semble faire “dérailler” l’existence de la narratrice, reposant essentiellement sur des digressions, le récit progresse vers un dénouement incertain qui laisse à l’autre le soin d’inventer la suite de l’histoire.Autopsie de la fin d’un amour ou plaidoyer pour sa résurrection, peu importe, le lecteur goûtera certainement la composition originale et l’écriture raffinée d’un ouvrage qui, par sa brièveté, s’apparente à une nouvelle, et par sa nostalgie, ses non-dits et ses hésitations constitue une observation poignante et profonde du cœur humain. Western Washington University Cécile Hanania Le-Tan, Cléo. Une famille. Paris: Grasset, 2013. ISBN 978-2-246-80746-9. Pp. 205. 15 a. L’auteure offre dans ce roman un aperçu d’une famille moderne dysfonctionnelle. Les cultures différentes dont sont issus parents et grands-parents (grand-mère parisienne, grand-père artiste vietnamien d’un côté, grand-mère juive, grand-père banquier, tous deux londoniens, de l’autre), accentuent les problèmes entre les membres de la famille. Fille de l’illustrateur Pierre Le-Tan et sœur de la créatrice de mode Olympia Le-Tan, Cléo a révélé avoir pris sa propre famille comme modèle dans l’élaboration de cette première œuvre. Elle perd malheureusement le lecteur dans une foule de situations banales. Wilo, le personnage principal de l’histoire, est une fillette de dix ans au début de l’histoire alors que son frère, Homère, et sa sœur, Pénélope, sont de jeunes adultes. Le père, Michel, artiste connu, est un homme faible, bon et “rigolo” (un des mots favoris de l’auteure, ainsi que“drôle”). La mère, Beaule, est une femme égoïste, paresseuse , vantarde, méchante et exécrable. Homère“s’habille de façon rigolote”(35) et“n’a pas fait grand-chose de...

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