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Reviews 237 catholicisme ou l’islam), et aspirant aussi à se substituer à l’Autre pour voir l’Histoire et comprendre son histoire personnelle par les yeux de sa“sœur étrangère”. Les œuvres de Berger (de L’enfant des deux mondes en 1998 à Éclats d’islam: chroniques d’un itinéraire spirituel en 2009) ont dit de façon plus feutrée ou transparente la source vive de son inspiration et de ses aspirations, articulées dans un exil paradoxalement vivifiant qui l’a (re)lancée dans une recherche de spiritualité, de rencontre avec l’Autre et avec la part de l’étranger en soi. Ici Berger trouve en Ray, auteur de Christian de Chergé (sur le prieur des moines de Tibhirine assassinés en 1996 en Algérie), une partenaire à sa hauteur pour répondre à une quête de communication“sans guerre et sans tabou”, ou se prendre à rêver que deux mondes pourraient vivre côte à côte. Ensemble, par courriel, elles puisent dans leur proximité croissante avec les textes fondateurs de diverses Écritures (227), dialoguent sur le ton de la conversation, avec interruptions, digressions et retours, attaquant de front des sujets difficiles. D’abord elles cherchent à la fois à retrouver leurs regards croisés d’enfants et à traduire les mentalités des années cinquante en Algérie; mais très vite, elles creusent les imaginaires, les lieux de mémoires, les traversées accomplies, les langues et influences littéraires dont elles ont hérité, puis débouchent sur l’actualité. Spontané ou grave, le ton est insistant parfois; se poussant toutes deux à fouiller le souvenir et l’inconscient, elles soufflent de possibles réponses aux questions qui les hantent. Ainsi Christine écrit-elle: “Un autre muet,bâillonné,énigmatique.Arabe [...] On ne vous nommait pas,Karima (24) [...] Mais revenons aux noms. Comment les Européens nommaient les habitants autochtones et comment vous les nommiez en retour?” (97). À côté de sujets incontournables (parcours des aïeux ou parents, place de l’École, de la langue, de l’Église dans le projet colonial, discours officiels propres à chaque époque, enjeux de la France et de l’Algérie contemporaines entre tradition et modernité) ou inépuisables (Que signifie l’héritage colonial pour chacun? Comment décoloniser les esprits? [209–15]), le chapitre intitulé “Filiations” est particulièrement passionnant: les lectures érudites de leurs maîtres à penser (le Cardinal Duval, le professeur Bruno Étienne, l’émir Abd el-Kader, Christian de Chergé,Germaine Tillion) témoignent des influences sur leurs spiritualités multiples et leurs engagements. Ce travail, appelant à“creuser, exhumer, déblayer, retrouver, rejouir l’un de l’autre” (216) est émouvant et enrichissant. Davidson College (NC) Catherine Slawy-Sutton Birnbaum, Pierre. Les deux maisons: essai sur la citoyenneté des Juifs (en France et aux États-Unis). Paris: Gallimard, 2012. ISBN 978-2-07-012682-8. Pp. 415. 25 a. Despite its title, this book does not provide balanced historical presentations of the legal and/or societal status of Jews in both countries. Birnbaum has previously examined the integration of Jews into French political life (Les fous de la République: histoire politique des Juifs d’État, de Gambetta à Vichy, 1992). In Les deux maisons, the emphasis is on the United States, where Birnbaum mainly finds differences with the French Republic’s model of citizenship:“Si les nations américaine et française sont les premières à émanciper les Juifs, tout, ou presque, néanmoins les oppose” (21). While successive revolutionary upheavals produced a strong, centralized, and secular government in France, the Federal government of the United States is (or long was) relatively weak and remains permeated with religious influence and symbolism. The case of Jews as a minority group in both countries illustrates their divergent paths toward societal diversity and modernity: “[L]’émancipation à la française ouvre la porte à l’entrée des Juifs comme citoyens dans l’espace public en laminant quelque peu le judaïsme comme toutes les identités autres que nationales tandis que l’émancipation à l’américaine se révèle davantage propice à l’épanouissement du judaïsme qu’à l’entière reconnaissance des Juifs en tant que citoyens”(25...

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