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lexicale ouverte et un ensemble ouvert de possibilités syntaxiques” (440). Suite à la révélation qu’il eut en reconnaissant à New York un “film tellement français”, il s’embarque à la recherche de l’origine de cette “émotion de la provenance”, cette étrange sensation de reconnaissance qui n’est pas sans rappeler l’expérience proustienne. Il aime à tenter de voir des refrains au travers desquels le pays se conjugue. C’est surtout en train et en bus que nous ferons le voyage, ou bien en privilégiant le suivi de cours d’eaux comme l’Oise,le Rhône ou la Garonne.Il y aura maintes haltes inattendues, comme par exemple à Culoz dans l’Ain ou à Chaux dans le Doubs. Là ,“ni le passé, ni le présent, ni l’avenir n’ont de consistance et tout semble devoir se diluer dans une sorte de survie” (39). Pourtant c’est bien à Culoz que l’auteur est surpris de voir dans la rue un couple de musulmans intégristes entre lesquels se dégageait “une sorte d’harmonie,la sensation d’un partage”qui lui montre que“la France est faite maintenant de cela”(44). Le passé aura plus de prise dans d’autres haltes comme à Fontainebleau, Varennes, Buzancy,Vendôme, Beaucaire,Arles ou Tarascon. Là,“L’Histoire de France, toujours elle,avec son grand H”est éminemment sous-jacente,désordonnée,chaotique, et Bailly s’en fait un merveilleux interprète. On y rencontre, entre beaucoup d’autres, Rimbaud, Babeuf, Matisse, Courbet, Stendhal, Rousseau, mais aussi Carmontelle, Godin. Ce qui intéresse surtout Bailly est comment le paysage a su se métamorphoser, pour le meilleur ou souvent le pire, donnant parfois cette “impression de torpeur presque envoûtée régnant sur les campagnes” (126). L’eau devient une métaphore puissante dans ce qu’elle offre de mobile.Bailly se montre ici historiographe,géographe, historien de l’art,anthropologue,économiste,et poète.Il propose une identité française formée de“bariol”, où domine une force de renouvellement où la coexistence“finit par l’emporter [...] s’impose de soi-même et semble former l’évidence du monde” (469). Seul l’élargissement du national serait “une issue pour un pays qui s’ankylose ou se noie” (471). Ce livre est une magnifique fresque multidimensionnelle de la France contemporaine et tout chapitre peut accompagner une étude de ce que nous pensons être la France. Randolph College (VA) Françoise Watts Berger, Karima, et Christine Ray. Toi, ma sœur étrangère: Algérie-France, sans guerre et sans tabou. Monaco: Rocher, 2012. ISBN 978-2-249-62142-0. Pp. 239. 22 a. Dans les années cinquante, Christine Ray a passé une partie de son enfance en Algérie; marquée par ce pays, elle y est retournée en jeune adulte avec son époux coopérant.Aux mêmes époques, née en Algérie et éduquée à l’école coloniale française, Karima Berger a fait le parcours inverse: arrivée en France pour y poursuivre des études, elle a fini par y faire sa vie. À l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance, voici la rencontre épistolaire de ces deux intellectuelles, une journaliste et une romancière, chacune animée par le dialogue et imprégnée de sa propre foi (le 236 FRENCH REVIEW 87.4 Reviews 237 catholicisme ou l’islam), et aspirant aussi à se substituer à l’Autre pour voir l’Histoire et comprendre son histoire personnelle par les yeux de sa“sœur étrangère”. Les œuvres de Berger (de L’enfant des deux mondes en 1998 à Éclats d’islam: chroniques d’un itinéraire spirituel en 2009) ont dit de façon plus feutrée ou transparente la source vive de son inspiration et de ses aspirations, articulées dans un exil paradoxalement vivifiant qui l’a (re)lancée dans une recherche de spiritualité, de rencontre avec l’Autre et avec la part de l’étranger en soi. Ici Berger trouve en Ray, auteur de Christian de Chergé (sur le prieur des moines de Tibhirine assassinés en 1996 en Algérie), une partenaire à sa hauteur...

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