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significatif dans l’optique de la querelle qui opposa “Anciens timorés et modernes timoniers” (355). L’impressionnante érudition de Requemora-Gros nous convie à un magnifique voyage à travers les œuvres et l’imaginaire de la période baroque. De belles pages de synthèse viennent compléter des chapitres qui constituent autant de dossiers richement documentés sur toutes les facettes du sujet étudié. Voguer est appelé à devenir un ouvrage de référence pour tous ceux qui s’intéressent à la litt érature du voyage. University of Maryland, College Park Hervé-Thomas Campangne Rice, Alison. Polygraphies: Francophone Women Writing Algeria. Charlottesville: UP of Virginia, 2012. ISBN 978-0-8139-3292-7. Pp. 243. $24.50. Le néologisme Polygraphies s’applique ici à des récits d’autofiction, travaillés de façon non conventionnelle dans des genres hybrides et à partir de voix plurielles, des écritures de soi qui, en fait, s’ouvrent sur la vie des autres. Les sept écrivaines étudiées (Hélène Cixous,Assia Djebar, Marie Cardinal, Malika Mokeddem, Leïla Sebbar, Zahia Rahmani, Maïssa Bey) sont par ailleurs d’ethnicités, générations et contextes sociaux différents et ont inséré dans leurs textes des langues variées, dont celle du corps n’est pas la moins révélatrice. Dans les cultures maghrébines, particulièrement chez les femmes, parler de soi est tabou et implique la censure, voire le danger et l’exil. Pour étudier les écrits en grande partie autobiographiques de ces femmes nées en Algérie avant la fin de la colonisation, dans son introduction au sous-titre révélateur, “The Witness Stand: Where the Truth Lies”, Alison Rice s’appuie sur les théories de Cixous sur l’écriture du corps et de Derrida sur la littérature comme témoignage d’une réalité historique: tous deux ont invité les lecteurs de créations littéraires à dépasser les simples oppositions binaires entre vérité et fiction et à accepter l’équivoque,l’ambiguïté, la multiplicité des vérités. Quatre sections s’enchaînent alors. Dans “The Autobiographical Springboard”, Rice avance que pour les œuvres de Cixous et Djebar, il est aussi juste de parler en effet de témoignages que de tradition européenne des Confessions, et elle étudie aussi L’une et l’Autre de Bey comme exemple de récit basé sur le moi mais portant l’attention aux autres. “Takeoff Points” et “Embodiments” accordent des chapitres à la figure maternelle et à la terre-mère chez Cardinal, Cixous, Djebar et Camus, puis à l’écriture de la sexualité chez Bey, Djebar, Mokeddem et Sebbar. Enfin,“Reverberations”propose des lectures particulièrement riches de textes maintenant classiques de Djebar et Mokeddem, et d’autres plus récents de Bey et Rahmani. En exploitant pleinement l’aspect de témoignage de leurs ouvrages métis, Rice explore notamment chez ces auteures la place de la littérature, du français et de l’écriture migrante comme lieux de rupture mais aussi de réparation, de stabilité et de possession de soi. Sans doute n’est-il pas spécifique à l’Algérie qu’en périodes et contextes difficiles, les voix féminines arrivent à se livrer obliquement, en brouillant 230 FRENCH REVIEW 87.4 Reviews 231 les genres littéraires et en échappant par là à toute catégorisation ou étiquette. Colette en son temps n’avançait-elle pas dans la révélation de soi à coups de‘mensonges, demiv érités ou secrets considérables’? Mais ce qui est fort intéressant dans l’étude de Rice est qu’à l’heure où l’Algérie fête le cinquantenaire de son indépendance, la critique a réussi à tisser des liens entre sept écrivaines que l’on avait tendance à traiter séparément , tout en respectant leurs différences. Chacune à leur façon, Cixous et Djebar ont ouvert des possibilités et d’autres femmes originaires d’Algérie ont pu accoucher— dans la douleur—de leurs œuvres. Rice démontre qu’elles sont arrivées à l’écriture détournée de soi par nécessité vitale et qu’ensemble elles t...

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