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Reviews 287 répertorier les apparents dérèglements du langage est la formidable tâche que l’auteur s’assigne. Il utilise pour ce faire une pléthore de poètes et d’écrivains qui répondent en écho au trop-plein de mots et de temps rencontrés au hasard de ce corpus. Dans la première partie de son ouvrage, Jedrzejewski s’attache à délimiter les frontières du mot, c’est-à-dire à “repérer le moment où le sens sort de l’ornière” (27). Cette sortie implique un mouvement fondamental, une dynamique du sens faite de rythmes, de sons et de respirations que Julia Kristeva nomme la“signifiance”. De même pour Valère Novarina cette circulation entre les “vides”, détermine non seulement le sens, mais fonde l’espace autour du langage. Le sens toujours qui occupe Gilles Deleuze dans ses commentaires sur le célèbre Jabberwocky de Lewis Caroll:“à la frontière des propositions et des choses” (46). Jedrzejewski poursuit systématiquement ses recherches jusqu’aux limites des phonèmes: ils sont débarrassés de toute syntaxe avec les Jappements à la lune de Claude Gauvreau, qui ne forment plus que des borborygmes gutturaux, ou avec la poésie abstraite qui “a libéré le mot de ses associations” (101) selon Kurt Schwitters. Avec la perte, ou l’absence de signification, c’est principalement de liberté qu’il est question dans ce texte. Une liberté issue de cet espace“pulsionnel”ouvert par la glossosphère entre rhétorique et irrationalité. Chaque tentative de transformation de la langue, chaque néologisme et onomatopée participe à ce débordement du sens qui permet l’expérience du réel, ou selon le mot de Lacan: “le réel commence là où le sens s’arrête” (18). L’auteur souligne alors qu’en donnant aux mots leur espace, on leur découvre une nouvelle texture, un “être” jusque-là ignoré ou nié: “la matérialité du texte” (300) de Christophe Tarkos induit une vérité absolue, un monde profond d’où dérivent souffrances et plaisirs physiques.Ainsi“la jouissance glossolalique”(294) des calembours de Jean-Pierre Verheggen se rapproche de “l’ouïssance” de “la langue rythmée et sonorisée”(302) de Christian Prigent ou finalement de“l’arrachement”des mots de Pierre Guyotat qui remontent douloureusement de ses tréfonds comme “un magma de fragments” (305). Le texte se fait le reflet de cette double nature des mots; entre aspiration vers l’infini et limites humaines,entre jeu et angoisse,Jedrzejewski d’un style net et inspiré dessine une myriade d’esquisses passionnantes et surprenantes dans un ouvrage qui fera date. University of Hawaii, M~ anoa Louis Bousquet Mayaux, Catherine, éd. Saint-John Perse en ses dictionnaires: l’idiolecte d’un poète. Paris: Champion, 2013. ISBN 978-2-7453-2533-7. Pp. 164. 36 a. The poet Alexis Leger (1887–1975) styled himself “Saint-John Perse”only in 1924, for reasons that he declined to elucidate. We celebrate Saint-John Perse (P.) today as a poet of exotic lexicon, systematic polysemy, and occasionally off-putting difficulty. In these eleven elegant essays, P. is studied “in his dictionaries” and his “idiolect,” the linguistic pattern(s) unique to this vastly unique poet. These studies go beyond individual lexical items (often technical, abstruse, learned, and idiosyncratically-used) to include grammatical words, figures of speech, and syntax, in French as well as in Creole, Ancient Greek, English, and so on. P. is well served by these literary scholars, all of whom seem to have a real way with words (an example from Kassab-Charfi: “le poète-alchimiste fond les mots dans la cuve du poème”[96]). The contributors aim to uncover certain aspects of the intertextual substratum in some of the best-known of P.’s poems, as they explore his blithe multiplying of the meaning of given words (Wittgenstein, after all, reminds us that the meaning of a word—in many, if not all, cases—is to be found in its usage). But we are also reminded that P. was susceptible to the pure pleasure and sorcery of word sounds:“[I...

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