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Reviews 267 tout autre plan, le récit, qui se déroule en 1987, met en scène une nation argentine en reconstruction et aux prises avec l’héritage de la dictature (1976–1983). C’est une Argentine schizophrène dans laquelle victimes et bourreaux consultent les mêmes psychologues qui forme la toile de fond de La garçonnière. Ce pays de nouveau libre et démocratique peine à faire face à son passé récent, comme le rappelle Eva Maria lorsqu’elle évoque le Noël de 1986 marqué par le vote de la loi du “Punto Final” qui interdit les poursuites judiciaires contre les auteurs des crimes commis pendant la dictature. Eva Maria, qui y a perdu Stella, est convaincue que sa fille a été tuée, comme trente mille autres desaparecidos, par la junte militaire au pouvoir. L’impossible travail de deuil d’Eva Maria fait ainsi écho à celui des “mères de la Place-de-Mai” (87) qui se réunissent tous les jeudis pour protester contre le silence, l’oubli et l’injustice qui entourent la disparition des leurs, et nourrit également son investissement émotionnel dans le drame de Lisandra et la recherche du coupable. De l’exploration de la part sombre du sentiment amoureux à la situation socio-politique de l’Argentine des années 80, Grémillon propose un roman intense, historique et intimiste qui sort l’année de la mort du dictateur Videla, et trente ans après le retour de la démocratie en Argentine. Villanova University (PA) Étienne Achille Guay de Bellisen, Héloïse. Le roman de Boddah. Paris: Fayard, 2013. ISBN 978-2213 -67723-1. Pp. 321. 19 a. Il n’est peut-être pas étonnant que ce premier roman—d’une étrange beauté— sorte de la plume d’une auteure qui a déjà signé une étude sur la poésie dans le monde contemporain de la chanson (Au cœur du slam: Grand Corps Malade et les nouveaux poètes, 2012). Avec Le roman de Boddah, Guay de Bellissen amène ses lecteurs sur le parcours cahoteux des deux dernières années dans la vie du musicien aussi talentueux qu’imparfait, Kurt Cobain, du groupe grunge américain, Nirvana. De 1992 à 1994, l’auteure nous fait le récit de plusieurs histoires dans une langue souvent très parlée, moderne, débordante de verve comme les chansons. Sur un premier plan Le roman est l’exploration du rapport entre Cobain et l’ami imaginaire, Boddah, à qui le musicien s’était adressé toute sa vie dans son journal intime et jusqu’à sa lettre de suicide. La fabulation de cet ami en dit long sur l’esprit enfantin et, malgré sa célébrité soudaine, sur la solitude fondamentale du protagoniste, mort à vingt-sept ans. Narrateur principal du roman—bien qu’il s’efface entièrement pendant toute une partie du récit—Boddah joue le rôle du double, de la conscience souvent critique de Cobain et il survivra à sa disparition. Sur un autre plan, et pendant la majorité du texte, ce livre est également l’histoire de l’amour déjanté entre Cobain et la chanteuse Courtney Love, laquelle tour à tour plongera avec lui dans les affres grisantes de la drogue pour chercher ensuite à en sortir au moyen de désintoxications successives et ratées. Chose remarquable, de Chicago à Seattle, de Los Angeles à Rome, la vie tumultueuse des protagonistes n’est jamais jugée. Au contraire—et sans tomber dans le piège de la fan fiction—on détecte une profonde compassion pour cet enfant qui n’a pas su grandir. Car enfin et avant tout, Guay de Bellissen relate la lente et pénible extinction d’une passion—un amour fou pour la création musicale—qui laisse Cobain incapable de vivre. Sensible à la poésie où qu’elle s’exprime, voici une auteure qui sait transmettre une passion qui, comme Boddah, survit à la fin de son roman. Nous attendons son prochain livre avec impatience. Mount Allison University (N-B, Canada) Mark D. Lee Haenel,Yannick. Les Renards pâles. Paris: Gallimard, 2013. ISBN 978-2-07-0142170 . Pp. 175. 16...

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