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elle s’était arrêtée dans le roman précédent, rédigée à la troisième personne; et la suite de la psychanalyse en 1996, après une tentative de suicide résultant d’“une grave dépression” (17), à la première personne. Le roman s’ouvre sur la fuite de Donya au lendemain d’un mariage à la va-vite dans des conditions quasiment invraisemblables, et sa décision de quitter l’Iran. Ici, c’est une nouvelle technique qu’utilise l’auteure qui n’est pas sans rappeler celle du roman policier, car chaque chapitre de narration s’arrête à un moment haletant du récit, mais avant de connaître la suite, les lecteurs doivent assister à une séance avec un psy flegmatique et insouciant.Alors que dans les romans précédents l’action était limitée,ici,les aventures sont nombreuses,imprévisibles, rocambolesques; elles se déroulent dans une variété de cadres qui s’étendent des plus beaux paysages d’Istanbul aux plus misérables quartiers de Sofia, et mettent en scène une gamme de figurants des plus humains aux plus crapuleux, avec toujours l’Iran et ses mollahs en arrière-plan. Toutefois, les thèmes demeurent constants, comme la psychanalyse permet à la narratrice de parcourir “le chemin le plus difficile dans la vie [...] celui qui mène vers soi”(17), et d’aller toujours plus loin au fond d’elle-même afin de soulager son âme et remédier à la confusion psychologique qui la tourmente: “mon cerveau est un marché aux puces, on y trouve de tout” (97). Ayant acquis une extraordinaire maîtrise des moindres nuances de la langue française, Djavann possède à présent le don des formules et des images époustouflantes pour exprimer l’infernale solitude, l’intense malheur, et les insupportables et obsédants traumatismes du passé auxquels il faut avoir goûté pour écrire des phrases telles que: “j’ai la tristesse dans le sang”(124), ou“ses blessures [...] marquées au sceau de l’éternité”(387), ou encore“la tristesse me va comme une robe de soie sur mesure [...] La mélancolie est la quintessence de mon âme” (229). Nul ne pourra rester insensible à la découverte de cette vie et cette âme. Auburn University (AL) Samia I. Spencer Fournel, Paul. Jason Murphy. Paris: P.O.L., 2013. ISBN 978-2-8180-1765-4. Pp. 192. 16 a. Une prostituée, un professeur, une étudiante, un éditeur et un clochard, tels sont les personnages qui peuplent ce roman. Ces destins croisés ont un point commun: l’écrivain de la Beat Generation, Jason Murphy. Quelques recherches sur cet auteur sur Internet vous donneront accès à ses poèmes et à sa page Wikipédia. Cependant, ne vous y fiez pas. Jason Murphy est une création de Paul Fournel qui cherche à brouiller les pistes, mais qui confesse les faits dans un entretien pour le Nouvel Observateur (25 février 2013). Ancien éditeur et président de la Société des gens de Lettres, Fournel a publié de nombreux livres (et a reçu plusieurs prix, comme le Goncourt de la nouvelle). Il est actuellement président de l’Oulipo. Inventer un écrivain n’était pas assez, Fournel a voulu non seulement lui donner vie dans notre société numérisée, 260 FRENCH REVIEW 88.1 Reviews 261 mais également rendre le lecteur aussi perplexe que ses personnages. Ces derniers courent chacun à leur manière après le mystérieux Jason Murphy, mais surtout après l’unique manuscrit qu’il aurait écrit et dont Jack Kerouac se serait inspiré. Le lecteur suit donc des personnages qui ont presque tous un rapport avec la littérature et l’écriture. Stern, la prostituée, tient un blog où elle raconte ses aventures. Marc, le professeur, est un spécialiste de la Beat Generation. Madeleine écrit une thèse sur Jason Murphy (et son compagnon, une sur Louise Labé). En réalité, tous se lancent à la recherche d’une ombre. Si l’action se passe majoritairement à Paris, à l’université de la Sorbonne, deux personnages partent (séparément) sur les traces de l’écrivain...

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