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Reviews 257 Raphaël Confiant fait revivre les souffrances des soldats martiniquais sur les champs de bataille de la Grande Guerre, ainsi que les inquiétudes de leurs familles, qui en raison de la distance et de la faiblesse des moyens de communication ont du mal à suivre ce qui se passe dans la“mère-patrie”. Comme à son habitude, Confiant fait usage de multiples voix narratives et d’un français créolisé. Divisé en cinq “cercles” dont la connotation dantesque se précise au fur et à mesure que certains personnages se rapprochent de la boucherie quotidienne de la guerre des tranchées, Le bataillon créole permet de suivre les destinées de “ceux de 14” (pour reprendre le titre du livre de Maurice Genevoix, 1949) qui quittèrent leur île, souvent pour la première fois, et découvrirent une métropole en guerre, dont les réalités ne correspondaient pas toujours à ce qu’ils avaient appris sur les bancs de l’école (pour ceux qui y avaient eu accès). Le lien narratif entre les jeunes combattants et leurs familles se maintient à travers des lettres et des monologues qui retracent leurs parcours entrecroisés. Évidemment, certains liens seront rapidement rompus par la guerre, pour ne faire place qu’à une absence renforcée par la distance et l’incompréhension. Man Hortense, par exemple,attendra longtemps le rapatriement du corps de son fils unique Théodore, qui était parti se battre “Là-bas” et qui “a perdu la vie à la bataille de la Marne” (19). Théodore était amoureux de la “Câpresse” Passionise. Les deux “avaient prévu de se marier à la fin de l’année 1915” (28). D’autres jeunes femmes verront leur fiancé revenir vivant, mais pas toujours entier. Comme en métropole, il y avait des “milliers de mutilés,d’estropiés,de fracassés”(298).Pour sa part,Man Hortense,qui ne comprend pas pourquoi les soldats se battaient “dans des trous” (24), en est réduite à interroger une statue emblématique mais muette sur le sens à donner à la mort de son fils: “Ils affirment que cette statue de Soldat inconnu nègre est la seule et unique du pays”(19). L’auteur rappelle que les combattants noirs, descendants d’esclaves, n’étaient pas uniquement motivés par le patriotisme. Affronter et tuer un soldat allemand, c’est à travers lui se venger, enfin réussir à vaincre “le Béké, le Blanc créole, devant lequel les vôtres et vous n’ont jamais pu que courber l’échine” (274). Cet hommage littéraire rendu aux soldats martiniquais s’inscrit dans le vaste tableau historique de son île que Confiant brosse tout au long de son œuvre. Western Washington University Edward Ousselin Darrieussecq, Marie. Il faut beaucoup aimer les hommes. Paris: P.O.L., 2013. ISBN 978-2-8180-1924-5. Pp. 311. 18 a. In 2011 Darrieussecq published Clèves, which refers not to a princess but to a place, a little town in Southern France where an adolescent named Solange is just coming of age sexually. The novel is set in the 1980s. Il faut beaucoup aimer les hommes continues Solange’s story, which has taken on a slightly fabulous dimension. Solange, now thirty and divorced, is a movie actress who has created a respectable career in Hollywood playing character roles.Popular among her even more successful colleagues, whose names (George, Stephen, Matt) make easy guessing for the reader, she is frequently invited to parties. At one such occasion she meets Kouhouesso, an actor from Cameroon who has forged a comparably successful Hollywood career, playing among other roles the cynical black sidekick to a white detective.What follows is a torrid affair whose treatment will invariably draw comparisons with Annie Ernaux’s Passion simple (1991), since the story is narrated entirely from Solange’s perspective, the sexual scenes are vivid, and it is never clear just how such an intelligent and experienced woman could fall so hard for a man at best described as enigmatic: “Elle décommandait ses amies, son coach, son yoga, sa psy, pour être sûre d’être disponible” (91). Yet the comparison with Ernaux...

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