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romans (La prière de la peur et L’année de l’éclipse). Comme chez Djebar, le rapport à l’Histoire des femmes par la transmission orale entretient une“sororité éternelle entre les femmes” (184). Selon El Nossery “la réalité s’impose avec plus de force lorsqu’elle est encadrée par la fiction”(146). S’il est dommage qu’elle répète parfois arguments et citations, ses analyses fines font ressortir les stratégies obliques de ces Algériennes qui ont tenté de représenter le réel inimaginable des années de guerre civile: multiplicité des voix, éclatement des techniques narratives et énonciatives, écriture allégorique, distanciation ironique, métalangage, dédoublements énonciatifs. C’est donc sans jamais sacrifier la valeur esthétique des entreprises textuelles qu’elle nous convainc que si la littérature ne peut se réduire au seul rôle de témoignage, elle sait compléter et donner une âme à l’Histoire en encourageant la participation émotive des lecteurs et en les poussant à prendre position. Davidson College (NC) Catherine Slawy-Sutton Fülöp, Erika. Proust, the One, and the Many: Identity and Difference in À la recherche du temps perdu. London: Legenda, 2012. ISBN 978-1-907975-32-5. Pp. 216. £45. Fülöp utilise les notions d’Identité, développée par Schelling, et de Différence, définie par Derrida et Deleuze, afin de rendre intelligible l’apparente contradiction qui affecte le narrateur de la Recherche dans sa relation au monde: d’une part, le monde apparaît comme unifié, saisissable et en harmonie avec le moi, et d’autre part, il se révèle également fragmentaire, fugitif et impossible à déchiffrer. Ce livre montre que ces deux points de vue sont en fait complémentaires et cette complémentarité révèle tout son sens lorsque le narrateur prend la décision d’écrire. L’approche critique de Fülöp repose sur de nombreux concepts philosophiques des dix-neuvième et vingtième siècles qu’elle explique d’ailleurs avec clarté et économie. Ses deux premiers chapitres sont consacrés à la perspective de l’Identité, les deux derniers examinent celle de la Différence. Dans le premier chapitre, Fülöp analyse des ‘moments privilégiés’ de la Recherche, tel l’épisode de la madeleine, dans lesquels le narrateur cesse de se sentir comme une entité séparée du monde mais est en union avec lui.Ces moments constituent des ‘épiphanies’ littéraires dont Fülöp voit des équivalents chez Joyce, mais dont elle rapproche la dimension quasi mystique de l’Intuition Intellectuelle chez Schelling. Les états liminaires de la conscience tels que le réveil,la contemplation d’Albertine endormie et l’ivresse font la matière du second chapitre. Lorsque le narrateur abandonne la réflexion intellectuelle qui le sépare de ce qu’il veut appréhender et se laisse envahir par la sensation,il sent s’effacer l’altérité du monde et l’anxiété qu’elle engendre.Cependant ces moments ont une fin, ne laissant souvent derrière eux que l’impression d’une illusion. Le troisième chapitre approfondit cette impression d’échec en se penchant sur la question de l’altérité de l’Autre, dont Albertine est la principale incarnation. Fülöp emprunte plusieurs concepts à Deleuze, Sartre, Levinas et Buber afin d’expliquer 226 FRENCH REVIEW 88.1 Reviews 227 pourquoi le narrateur ne peut s’approprier l’altérité d’Albertine. Les signes qu’il lit ou croit lire en Albertine sont marqués par une ‘différance’ qui diffère constamment la possibilité d’arriver à une vérité définitive sur la jeune fille. Le quatrième chapitre montre enfin comment l’art peut dépasser ces échecs et réconcilier Identité et Différence. Fülöp étudie, à partir de Platon et de ses théories de l’image, l’évolution de la relation entre la réalité et l’imagination à travers la Recherche. En prenant la décision d’écrire,le narrateur cesse d’opposer réalité et imagination,abandonne la métaphysique dualiste qui crée...

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