Témoignages fictionnels au féminin: une réécriture des blancs de la guerre civile algérienne par Nevine El Nossery (review)

Reviews 225 sequences of Agnès Varda’s Les glaneurs et la glaneuse. Miller closes the volume on a different note with her intriguing look at “the autobiographical turn that has marked bande dessinée production since the 1990s” (257). Scattered through the volume are thirteen black-and-white illustrations. The editors deserve credit for providing a comprehensive index covering all contributions, which is a particularly useful and welcome feature in a diverse collection such as this one. University of Kansas John T. Booker El Nossery, Nevine. Témoignages fictionnels au féminin: une réécriture des blancs de la guerre civile algérienne. Amsterdam: Rodopi, 2012. ISBN 978-90-420-3592-8. Pp. 235. 50 a. La critique féministe a donné une place à l’autobiographie et au roman féminins dans la réécriture de l’Histoire: cette littérature, prenant en compte les particularités des femmes et entrelaçant individuel et collectif, permet de combler les lacunes de l’Histoire officielle. Dans cette optique, El Nossery se concentre sur un pays, l’Algérie, et une période, la guerre civile, pour démontrer que “les tragédies—et l’Histoire— peuvent être entièrement représentées par la fiction” (40). Elle rappelle la résurgence des violences de guerre perpétrées sur les femmes, ainsi que leur invisibilité dans les textes officiels, qui entraînent, chez hommes ou femmes, des rapports à l’Histoire et des buts nécessairement différents lorsqu’ils en bravent la version officielle dans une “écriture de l’urgence” (31). El Nossery propose le genre du témoignage fictionnel et s’arrête sur quatre romancières-témoins. Elle montre à quel point la littérature est “instrument de résistance” chez Djebar qui traite “de la violence perpétrée contre le peuple algérien et les femmes en particulier” (54) puis de la décennie noire. Le blanc de l’Algérie et Oran, langue morte, notamment, rivalisent avec l’Histoire officielle, écrivent les non-dits, rendent floue la frontière entre factuel et fictif, donnent la voix aux anonymes qui subissent les atrocités. Bien qu’aussi basés sur des documents authentiques, ces textes utilisent des stratégies particulières pour enregistrer la réalité: imagination, projet testimonial, polyphonie, torsion phonique faite au français. Si Djebar favorise un métalangage questionnant l’écriture de l’Histoire, Mokkeddem puise son inspiration dans un entre-deux qui affirme le droit à la différence, cultive la résistance à toute contrainte,inscrit l’errance—qu’elle soit littérale (non-appartenance), figurée (entre oralité et écriture), ou symbolique (entre les langues). Avec Des rêves et des assassins et L’interdite, son écriture du désastre participe à la mémoire collective en se faisant témoignage virulent et contestataire contre la montée de l’intégrisme. Dans Ravisseur et Le châtiment des hypocrites, Marouane décrit les traumatismes, tabous, invisibilités du viol par une écriture allégorique cernant l’horreur et la folie. Cette “scriptothérapie” (177) se retrouve chez Ben Mansour qui témoigne des dommages émotionnels subis lors de la décennie noire dans une continuité entre ses essais et romans (La prière de la peur et L’année de l’éclipse). Comme chez Djebar, le rapport à l’Histoire des femmes par la transmission orale entretient une“sororité éternelle entre les femmes” (184). Selon El Nossery “la réalité s’impose avec plus de force lorsqu’elle est encadrée par la fiction”(146). S’il est dommage qu’elle répète parfois arguments et citations, ses analyses fines font ressortir les stratégies obliques de ces Algériennes qui ont tenté de représenter le réel inimaginable des années de guerre civile: multiplicité des voix, éclatement des techniques narratives et énonciatives, écriture allégorique, distanciation ironique, métalangage, dédoublements énonciatifs. C’est donc sans jamais sacrifier la valeur esthétique des entreprises textuelles qu’elle nous convainc que si la littérature ne peut se réduire au seul rôle de témoignage, elle sait compléter et donner une âme à l’Histoire en...